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Les psychologues dénoncent l'immobilisme face à la réforme de leur statut

Les psychologues protestent contre le système de rémunération dit "de délégation".
Les psychologues protestent contre le système de rémunération dit "de délégation". / 19h30 / 2 min. / le 22 septembre 2018
De nombreux psychologues ne sont pas satisfaits de leur statut. Le système actuel ne leur permet pas d’être remboursés par l'assurance de base sans passer par un médecin spécialisé. Ils critiquent l'immobilisme de la Confédération.

Le système dit de délégation est en place à l'heure actuelle. Ce qui signifie qu'un psychologue-psychothérapeute ne voit ses prestations remboursées par l'assurance maladie obligatoire que s'il travaille sous le contrôle et au sein du cabinet d'un psychiatre ou d'un médecin spécialisé.

Nombreux sont les psychologues qui n'en veulent plus. Début septembre, une cinquantaine d'entre eux ont accueilli les députés neuchâtelois à leur arrivée au Grand Conseil pour exprimer leur ras-le-bol. Ils réclament de pouvoir exercer sur prescription des médecins, comme par exemple les physiothérapeutes.

"Actuellement, le modèle dit de la délégation implique que le psychiatre est responsable du traitement", précise dans le 19h30 la psychologue Tamara Ventura Vercher. "Nous souhaiterions être reconnus comme responsables de nos traitements psychothérapeuthiques puisque nous avons une formation postgrade en psychothérapie équivalente à celle des psychiatres."

Un rapport de force entre thérapeutes

Les uns dépendant des autres, un rapport de force s'est créé entre les thérapeutes. Et certains psychiatres en profitent, notamment en matière de salaire reversé au psychologue délégué, selon plusieurs témoignages recueillis par la RTS.

"(Le psychiatre) m'offrait un salaire horaire de 38 francs alors que le tarif qu'il facturait à mes patients était de 147 francs l'heure", raconte un psychologue de l'Arc lémanique qui a accepté de témoigner anonymement. "Plus ou moins une année plus tard, j'ai demandé une augmentation, un changement de contrat. Et il m'a licencié."

Un cas extrême, mais pas isolé, même si souvent la collaboration se passe harmonieusement. Dans le canton de Vaud par exemple, une charte de bonne collaboration a été élaborée, mais elle n'évoque pas l'aspect financier. C'est le problème: aucune disposition ne fixe la rémunération des psychologues délégués. A l'association faîtière des psychiatres, certains y seraient favorables.

"Les pratiques qui sous-salarient les psychologues sont à mon sens intolérables", déclare Lito Panayotopoulos, déléguée de la Société suisse de psychiatrie à la commission fédérale sur la psychothérapie déléguée. "Je soutiendrais la mise en place d'une charte qui engagerait les médecins déléguants à une rétribution minimale négociée et reconnue."

Le problème des délais

Même quand la collaboration se passe harmonieusement, un autre problème se pose: celui des délais. Les malades qui ont besoin d'être remboursés par l'assurance de base doivent souvent prendre leur mal en patience. Souvent, il faut plusieurs semaines, parfois des mois, avant qu'un patient ait son premier rendez-vous.

Selon la Fédération suisse des psychologues, passer du modèle de délégation à celui de prescription réglerait une partie du problème.

"Les psychologues ne sont pas libres de proposer leurs prestations, du coup les citoyens ne trouvent pas de place lorsqu'ils ont des besoins psys", explique Stephan Wenger, co-président de la fédération.

"Cela crée un système à deux classes, ceux qui peuvent payer et les autres, qui souffrent en silence. Ceux-ci ne se soignent pas, ce qui induit d'énormes coûts économiques et sociaux en terme de rentres AI, d'arrêts de travail ou de consommation de médicaments", affirme le psychologue.

"Trop tôt" pour que l'OFSP se prononce

Ce problème de délais avait déjà été évoqué dans un rapport commandé par l'Office fédéral de la santé publique (OFSP). Mais pour l'instant, rien n'indique que le système est sur le point de changer.

"Il est encore trop tôt pour nous prononcer sur le modèle de délégation ou de prescription", a répondu à la RTS Jonas Montani, porte-parole de l'OFSP. "Des réflexions sont actuellement en cours pour améliorer l'accès aux soins des malades psychiques."

Pas de quoi calmer l'impatience de la Fédération suisse des psychologues qui critique l'immobilisme des autorités. Plusieurs actions de sensibilisation seront menées cet automne, une pétition va être lancée et une initiative populaire pourrait être envisagée.

Cédric Adrover/tmun

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