"Au Conseil fédéral, quatre hommes et femmes ne sont pas parents, cela ne semble pas poser un problème gigantesque pour le bon fonctionnement du gouvernement. On ne peut pas faire une condition d'être parents, et ça fait partie de la diversité. Là où je trouve qu'il y a une différence, c'est qu'on a l'impression qu'avoir des enfants fragiliserait potentiellement une candidature de femme alors qu'elle assied les candidatures de messieurs", estime Elisabeth Baume-Schneider, invitée mardi de La Matinale de la RTS. Elle avait été élue au gouvernement jurassien alors qu'elle avait deux enfants de 2 et 9 ans.
Pas d'enfant ou des enfants adultes
Il est vrai que le profil des hommes et des femmes qui n'ont pas eu d'enfant ou dont les enfants sont adolescents ou adultes au moment de leur prise de fonction sont sur-représentés dans les exécutifs, en Suisse comme à l'international.
Karin Keller Sutter et Viola Amherd, deux des candidates potentielles à la course au Conseil fédéral, n'ont pas eu d'enfants, tout comme la conseillère fédérale sortante Doris Leuthard. Idem pour Guy Parmelin. En revanche, Johann Schneider-Amman et Ueli Maurer étaient eux parents d'enfants adultes au moment de leur entrée en fonction. Seul Alain Berset est père de jeunes enfants.
Le constat est le même dans de nombreux exécutifs cantonaux: à quelques rares exceptions près, les pères d'enfants en âge de scolarité sont rares. Et les jeunes mères quasi absentes.
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Pression sociale?
Y-a-t-il une pression sociale sur les femmes? "C'est difficile de l'exprimer, car on ne demande jamais aux messieurs de se prononcer sur cette question. Quand Jean-Christophe Schwaab (PS/VD) a quitté le Conseil national, tout le monde avait la larme à l'oeil et je pense qu'il a pris une décision courageuse et favorable à sa famille. Mais pour cette décision-là, combien de femmes ne se sont pas lancées en politique?", s'interroge Elisabeth Baume-Schneider, qui dirige aujourd'hui la Haute école de travail social et de la santé.
Je brisais un tabou, en souhaitant me proposer comme candidate au Conseil fédéral alors que mes enfants étaient en âge de scolarité.
La conseillère nationale PLR Isabelle Moret, mère de deux enfants, a notamment fait l'expérience de cet enjeu lors de sa candidature au Conseil fédéral. "Je brisais un tabou, en souhaitant me proposer comme candidate au Conseil fédéral alors que mes enfants étaient en âge de scolarité. C'est tout à fait faisable. Il y a des femmes qui ont des hautes responsabilités dans les entreprises, qui ont de jeunes enfants et certaines conseillères d'Etat qui ont de jeunes enfants, particulièrement en Suisse romande. Elles prouvent qu'on peut bien exercer le poste pour lequel on a été élue et avoir une famille", assure-t-elle.
Propos recueillis par Romaine Morard/Marc Menichini
Adaptation web: Jessica Vial