En Suisse, hommes, femmes et enfants sont aussi forcés à la prostitution ou exploités pour leur force de travail. C'est le cas notamment dans les secteurs de la construction, de la restauration, de l'agriculture ou du ménage.
Marie (prénom d'emprunt), une victime d'esclavage moderne à Genève, a accepté de raconter le calvaire qu'elle a vécu à la RTS. Lorsqu'elle était jeune fille au pair, elle travaillait plus de seize heures par jour et n'avait le droit ni à des week-ends, ni à des vacances.
"Je n'avais pas le droit de sortir sans autorisation"
"J'étais femme de ménage, je préparais à manger, je repassais les habits et je préparais les sacs des enfants. Je n'avais pas le droit de sortir sans autorisation et ils m'insultaient. J'étais payée entre 100 et 200 francs par mois", raconte Marie.
Aujourd'hui jeune mère de famille, elle n'est plus l'adolescente perdue et exploitée qu'elle était lorsque elle a quitté l'Afrique pour devenir jeune fille au pair en Suisse. Après cinq ans, elle a eu le courage de s'enfuir après avoir appelé une travailleuse sociale rencontrée quelques semaines plus tôt.
"Je voulais partir depuis longtemps mais je ne savais pas comment faire, je ne connaissais personne et je ne parlais même pas la langue. Dès que j'ai quitté la maison, j'ai eu un soulagement. Je n'imaginais pas que j'allais tomber dans une telle situation. Je ne savais même pas que ça existait en Suisse, je ne m'attendais pas à ça ici", confie Marie.
Chiffres sous-estimés
L'histoire de Marie n'est donc pas unique en Suisse, mais les statistiques sur l'esclavage moderne seraient sous-estimées. "1500 personnes, c'est très en-dessous de la réalité. Ce sont des chiffres qui correspondent certainement à la partie à peine visible de l'iceberg", estime Anne-Marie Von Arx-Vernon, experte en lutte contre la traite des êtres humains et députée PDC, dans le 12h30 de la RTS.
"La Suisse a la volonté d'enrayer ce fléau. Nous pouvons être très contents, à Genève, d'avoir une brigade de police spécialisée dédiée à cette problématique, la Brigade de lutte contre la traite des êtres humains et la prostitution illicite. Cette brigade a les compétences pour aller trouver les victimes dans le champ de la prostitution et de l'exploitation de la force de travail", relève Anne-Marie Von Arx-Vernon.
Pour aider les victimes à sortir de l'ombre, le centre social protestant de Genève a mis en place une helpline gratuite et confidentielle: 0800 20 80 20.
Katia Bitsch/gma