Dans la campagne sur l'initiative "Pour la dignité des animaux de rente agricoles", soumise à votation le 25 novembre prochain, la question de la souffrance des vaches ou des chèvres qui subissent l'écornage est un argument décisif comme le montre le premier sondage SSR.
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Les autorités fédérales, Johann Schneider-Ammann en tête, affirment que les bêtes ne souffrent pas. "Sur le moment, on a de la compassion pour les animaux. Et juste après, on constate qu'ils s'habituent et ne souffrent pas", a ainsi assuré le ministre de l'Agriculture - lui-même fils de vétérinaire - lors du lancement de la campagne contre l'initiative.
L'Office fédéral de l'agriculture (OFAG) ne dit pas autre chose. Son directeur Bernard Lehmann l'assure: si le traitement est fait de manière correcte, il n'y a pas de douleur.
Une étude suisse dit le contraire
Mais une étude réalisée par le Tierspital de Berne montre le contraire. Les chercheurs ont tenté de comprendre les conséquences physiques de l'écornage sur des veaux. Et pour eux, il n'y a pas de doute: ils ont bien mal après l'opération.
"Même si les veaux reçoivent un protocole d'analgésie très complet, comme c'est recommandé en Suisse, avec une sédation, une anesthésie locale et un anti-inflammatoire, ils développent une douleur locale qui comporte une hyper-sensibilité dans la région des cornes", explique l'une des scientifiques, Claudia Spadavechia, dans la Matinale. "C'est très clair pendant les premières 24 heures, mais c'est même encore présent trois semaines après", poursuit cette professeure pour l'anesthésie et la thérapie de la douleur à la faculté de médecine vétérinaire de l'Université de Berne.
Un acte équivalent à une brûlure au troisième degré
Et ce constat est appuyé par une littérature scientifique abondante. L'écornage est une procédure invasive, équivalente à une brûlure au troisième degré chez l'être humain. Pour prévenir la douleur, il est du reste obligatoire en Suisse de donner des analgésiques aux animaux.
Mais cela ne suffit pas toujours. "La littérature montre que c'est possible d'améliorer la situation en donnant des analgésiques, mais elle montre aussi assez clairement que ce n'est pas possible d'oblitérer complètement toutes les réactions", poursuit Claudia Spadavecchia. "D'autres publications montrent que, si on fait une bonne analgésie, il y a encore quelque chose."
Il existe même des suppositions que la douleur persiste pendant plusieurs mois après l'opération. C'est le sujet de la deuxième partie de l'étude réalisée au Tierspital, dont les résultats n'ont pas encore été publiés.
Camille Degott/oang