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La FMH ne veut pas des nouvelles directives sur l'assistance au suicide

Aide au suicide élargie: les médecins refusent le critère de "souffrance insupportable". Ils le jugent trop vague.
Aide au suicide élargie: les médecins refusent le critère de "souffrance insupportable". Ils le jugent trop vague. / 19h30 / 2 min. / le 25 octobre 2018
La Fédération des médecins (FMH) a décidé jeudi de ne pas reprendre les nouvelles directives de l'Académie des sciences sur l'assistance au suicide dans son code déontologique.

Si aujourd’hui l’aide au suicide est uniquement autorisée en fin de vie, elle devra selon les nouvelles directives répondre à la notion de "souffrance insupportable", rappelle jeudi la Fédération des médecins suisses. Or cette formulation renvoie à une notion juridiquement indéterminée, qui apporte beaucoup d’incertitude pour le corps médical.

>> Lire à ce sujet : La "souffrance insupportable", noeud du problème de l'assistance au suicide

Au terme d’un débat animé, la Chambre médicale a donc décidé, à une nette majorité, de ne pas adopter les directives révisées de l'Académie suisse des sciences médicales (ASSM) "Attitude face à la fin de vie et à la mort".

"Il doit y avoir des notions objectives et non pas subjectives", relève dans le 19h30 de la RTS Michel Matter, vice-président de la FMH. "Et effectivement le débat a cristallisé sur les notions qui sont les souffrances insupportables, une notion qui est subjective."

>> Son interview dans le 19h30 :

Dr. Michel Matter : "Il faut de l'empathie, du dialogue et un cadre juridique. La notion de "souffrance insupportable" est subjective".
Dr. Michel Matter : "Il faut de l'empathie, du dialogue et un cadre juridique. La notion de "souffrance insupportable" est subjective". / 19h30 / 2 min. / le 25 octobre 2018

Les anciennes directives demeurent

En Suisse, l’aide au suicide est uniquement réglementée dans le Code pénal et non par une législation spécifique. C’est pour cette raison que le code de déontologie de la FMH revêt une importance particulière dans ce domaine.

A la suite de la décision de jeudi, les directives de 2012 de l'Académie suisse des sciences médicales concernant l'aide au suicide conservent donc leur validité pour la FMH, même si l'Académie les a supprimées en juin dernier.

ats/lgr

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Un cadre éthique et la liberté pour les médecins

Le but des nouvelles directives, publiées au printemps, est de donner un cadre éthique aux professionnels de la santé confrontés à la souffrance des patients en fin de vie.

Il reste toujours nécessaire que toutes les alternatives aient échoué ou soient refusées car jugées inacceptables. Le désir de mourir doit être mûrement réfléchi, persistant et ne doit pas résulter d'une pression extérieure.

Chaque médecin a dans tous les cas la possibilité de refuser cet acte, sans avoir à se justifier et même si le patient répond aux critères.

"Les garde-fous me semblaient suffisants"

Vice-président de l'association Médecins de famille Suisse, François Héritier fait partie de la minorité de médecins qui étaient en faveur de cet assouplissement voulu par l'académie.

"Je peux tout à fait comprendre la réticence de mes collègues", dit-il vendredi dans la Matinale, "mais je crois que l'académie avait bien réfléchi et le cadre était bien défini. Les garde-fous me semblaient suffisants pour intégrer ces directives dans notre code de déontologie."

>> Ecouter l'interview de François Héritier dans la Matinale: