René Knüsel observe que les cantons alémaniques ne se dotent généralement pas de lois qui ciblent spécifiquement les mendiants. Leurs sont préférés des textes qui, plus largement, encadrent l'utilisation de l'espace public et qui sont finalement plus restrictifs qu'en Suisse romande.
Reste que pour le politologue: "On ne gouverne pas par décret. Il ne suffit pas d’interdire la mendicité pour que le phénomène disparaisse". Car le fait d'avoir une loi nécessite un contrôle et croire qu'on ne verra plus de mendiants dans les rues vaudoises, par exemple, est illusoire.
Appel d'air
De plus, en Suisse romande et particulièrement à Genève, il y a eu un enchaînement d'indécisions qui a créé un appel d'air, et un certain nombre de Roms sont venus de Bucarest. "C'est vraiment lié à la libre circulation des personnes" détaille René Knüsel, "si on regarde le nombre de Roms, les statistiques correspondent à un abaissement des frontières".
Or, si fermer les frontières est l'une des pistes habituelles suivies par le monde politique, il y a quand même un certain nombre d'accords qui doivent être respectés.
D'où une "impression de réimporter la mendicité qui vient des pays de l’Est. Ces populations peuvent travailler, mais on leur offre très peu de chances, elles n’ont pas le niveau de développement ou de réseaux nécessaires".
"L’Etat social existe en Suisse mais ne couvre pas ces personnes qui n’émargent pas à l’aide sociale," ajoute René Knüsel. On ne veut ni ne peut intégrer ces personnes.
Le contribuable paie
Toujours est-il qu'à Genève, dix ans après l'entrée en vigueur de l'interdiction de mendier, on constate que le nombre d'enfants concernés n'a pas augmenté, signe que la loi fonctionne au moins partiellement. Mais pour René Knüsel, il est probable que le contribuable paie très cher ce type de contrôle.
Le sociologue suggère une manière moins impérative de gérer le problème en essayant de trouver des solutions au cas par cas.
pym