"Toute détention de pouvoir peut générer des dérives", a rappelé Sébastien Dieguez au micro de la Matinale vendredi. "Il y a deux sources de dérives. Premièrement, ce n'est pas n'importe qui cherche le pouvoir. Et deuxièmement, l'accession au pouvoir et son exercice changent la manière d'agir. Dès le moment où l'on donne du pouvoir à quelqu'un sur d'autres personnes, on remarque une augmentation de la confiance, des actions plus impulsives, des changements hormonaux avec notamment une modification du taux de testostérone et de sérotonine", explique-t-il.
Les cas Maudet, Barazzone et Savary montrent que le pouvoir peut avoir des dérives dès qu'il y a du jeu, des flous dans la législation, note le chercheur, qui précise toutefois que le contexte général de la politique en Suisse n'est "pas très corrompu".
"Dans une autre réalité"
Mais comment ces élus, par ailleurs des personnalités politiques de premier plan, en arrivent-ils à commettre pareilles imprudences et oublier leur devoir d'exemplarité?
"Le pouvoir donne un sens du contrôle - le fameux bras long - , qui génère un excès de confiance en soi, conduit à des actions impulsives, à passer outre des règles et des procédures en vue de l'exercice plus large du pouvoir", décrit Sébastien Dieguez. "Ces actes n'apparaissent pas comme problématiques sur le moment, car la personne est dans une autre réalité."
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Dégât d'image considérable
Quant aux "prises de conscience" a posteriori - avec leur lot d'explications et de mea culpa plus ou moins convaincants - elles ont de quoi laisser dubitatif. "On n'obtient des explications et des excuses qu'au moment où c'est devenu totalement nécessaire. A mon avis, ce n'est pas une prise de conscience franche et globale, mais plutôt l'adaptation à une situation qui a changé", estime Sébastien Dieguez.
Avec ce type de comportement, note-t-il, le dégât d'image est considérable. "Si les élus font cela, on peut s'attendre à ce que les gens fassent de même. A un fort taux de corruption des élites politiques, correspond un fort taux de fraude dans la population."
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Propos recueillis par Romaine Morard/kkub