Les tout premiers produits estampillés Fair - un logo en forme de cœur bleu - ont été commercialisés cette semaine. Il s'agit de trois yogourts et de deux laits pasteurisés de la Fromagerie Moléson, dans le canton de Fribourg.
Cette première ressemble à une victoire pour les producteurs de lait, mais en réalité cette fromagerie les payait déjà correctement. Le label n'a donc rien changé, si ce n'est peut-être sur le plan symbolique: il permet de donner une visibilité à l'effort consenti par la fromagerie.
Rémunération minimale garantie
Ce label garantit au consommateur que le producteur de lait a été rémunéré à 75 centimes le litre. Le mandat comprend également un volet concernant le bien-être des animaux. Mais il n'a pas trouvé pour l'instant d'autres débouchés et surtout, il n'a pas séduit la grande distribution qui représente l'essentiel des débouchés.
Ces grands acteurs disent ne pas vouloir augmenter les prix sans augmenter la qualité des produits, alors que la pression concurrentielle de l'étranger est forte - au niveau des importations, comme du tourisme d'achat.
Ils sont aussi réticents à proposer un lait avec le tampon "Fair", puisque cela sous-entendrait que les autres briques dans leurs rayons ne sont pas équitables. Ils préfèrent donc agir sur toute leur gamme de lait et développent souvent leur propre projet. C'est le cas de Migros, par exemple, avec son programme "Lait durable".
Les grands distributeurs soulignent encore qu'ils proposent des produits - comme le lait biologique - pour lesquels ils paient plus cher aux producteurs.
"On pensait bien que ce serait difficile"
Productrice de lait à Treyvaux (FR), Caroline Quartenoud fait partie des initiants du label Fair. Interrogée dans l'émission Forum, elle assure ne pas être déçue, en l'état: "On était conscients que ça serait difficile", dit-elle, évoquant le manque d'intérêt des grands distributeurs et l'existence de leurs propres labels. "On pensait bien que ce serait difficile de les convaincre d'ajouter quelque chose en plus."
Une problématique bien réelle
A ce stade, et malgré de bonnes intentions, le label fait donc plutôt un flop. La problématique est pourtant réelle: en août, les producteurs ont gagné 66 centimes par litre, pour un lait vendu en moyenne 1 franc 50 en magasin (lait entier pasteurisé). A titre de comparaison, les producteurs gagnaient 79 centimes en l'an 2000.
Un tiers des exploitations laitières ont par ailleurs disparu entre 2000 et 2011, selon l'Office fédéral de la statistique.
Cléa Favre/oang