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La Suisse dans un état de "stagnation criante", selon Beat Kappeler

L'invité de Romain Clivaz (vidéo) – Beat Kappeler, ancien chroniqueur de la NZZ am Sonntag
L'invité de Romain Clivaz (vidéo) – Beat Kappeler, ancien chroniqueur de la NZZ am Sonntag / La Matinale / 9 min. / le 12 novembre 2018
L'ex-chroniqueur et économiste Beat Kappeler estime que la Suisse et son économie souffrent de diverses "fixations" politiques. Il évoque notamment la réforme des retraites et des blocages dans l'agriculture.

"La Suisse ne se porte pas mal, elle a survécu à la crise financière, à la réévaluation du franc... Mais ce qui m'a toujours préoccupé, ce sont les réformes, les changements vers l'avenir. Et là, je dois dire qu'on est dans une stagnation criante, stressante", analyse l'ancien chroniqueur et économiste Beat Kappeler, invité lundi de La Matinale de la RTS.

"Il n'y a pas beaucoup de choses qui bougent et une fixation des camps au sein du Parlement fédéral, ce que je regrette", estime celui qui a livré son analyse hebdomadaire dans la NZZ am Sonntag de 2002 jusqu'à fin octobre dernier.

"Provocation" sur l'AVS et "agriculture figée"

Mais quels sont selon lui les domaines qui devraient être moins figés? "L'AVS et le deuxième pilier. On voit des phénomènes tangibles de détérioration, mais on les résout jusqu'à présent par de l'argent, des milliards que l'on injecte", répond Beat Kappeler.

Il critique notamment le nouveau projet fédéral (RFFA), qui lie fiscalité et AVS. "C'est un procédé parlementaire, on fait souvent des paquets. Mais dire au peuple qu'il faut impérativement changer le système de fiscalité des entreprises parce qu'il y a une pression internationale et la lier à une réforme néfaste et stupide (...) c'est une provocation", estime-t-il. L'économiste plaide plutôt pour un système similaire à celui de la Suède ou de la Pologne, qui "ont introduit une formule qui augmente ou baisse les rentes année par année, suivant le PIB et le quotient d'âge".

Beat Kappeler déplore aussi "une agriculture figée, notamment par la "fixation du droit foncier" qui ne laisse pas de liberté aux paysans, les laisse dans des exploitations trop petites (...) Des exploitations plus grandes donneraient un souffle beaucoup plus important à l'agriculture, la rendrait moins chère et plus performante".

Le Conseil fédéral visé

"La prévisibilité est peut être trop grande en Suisse car rien ne bouge. Le pays tout entier risque de perdre de la vitesse par rapport à l'étranger (...). Je crois à une politique de réforme, ouverte", souligne Beat Kappeler.

Il tient notamment le Conseil fédéral pour responsable des blocages. "Un organe collectif qui est élu un par un. C'est peut être un certain contresens!", estime-t-il. Et de poursuivre: "il n'a pas de programme de législature ou de gouvernement, il agit au coup par coup. Il est la cime d'une administration et non pas d'un gouvernement qui a un mandat parlementaire".

Il évoque notamment les difficultés rencontrées dans le dossier européen. "Les syndicats sont devenus dépendants de l'Etat, l'Etat est dépendant des syndicats dans sa politique européenne. (...) C'est encore une fixation néfaste qui s'est opérée", juge-t-il.

Propos recueillis par Romain Clivaz

Adaptation web: Jessica Vial

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