Réduire la vitesse est un moyen de lutte contre le bruit du trafic routier à l'efficacité reconnue: passer de 50 à 30 km/h a pour effet de diminuer de moitié le volume sonore du trafic.
L'idée de multiplier les zones 30 fait son chemin dans plusieurs villes de Suisse. Genève a ainsi annoncé un projet de limitation à 30 km/h sur certains grands axes et prévoit d'inscrire tous ses quartiers d'habitation en zone 30 d'ici 2022.
A Neuchâtel, une motion des groupes popvertsol et vert’libéraux/PDC propose d'imposer une limitation générale de vitesse à 30 km/h au maximum sur les routes communales, ce qui serait une première en Suisse.
A Lausanne, la demande du 30 km/h pour les rues où les normes de bruit sont dépassées, voire pour un centre-ville à 30 km/h, est sur la table de la Municipalité.
L'avenue Vinet et l'avenue Beaulieu font actuellement l'objet d'un projet pilote mené par la Ville, le canton de Vaud et l'Office fédéral des routes.
Extension du 30km/h la nuit à Lausanne
Sur ces deux artères très passantes, les voitures sont tenues de ne pas dépasser 30 km/h entre 22h et 6h du matin. Le test se termine au printemps prochain et la Ville songe déjà à l'étendre à d'autres grands axes la nuit.
La limitation à 30 km/h pour réduire le bruit ne fait toutefois pas l'unanimité. L'avis du TCS, par exemple, est nuancé.
Selon lui, les zones 30 ont du sens dans les quartiers mais pas sur les grands axes. Le TCS plaide plus généralement pour les revêtements phono-absorbants.
Les collectivités publiques ont l'obligation de réduire les décibels mais, aujourd'hui, de très nombreux cantons et communes sont dans l'illégalité.
Ils avaient jusqu'en mars dernier pour se mettre en conformité avec l'Ordonnance fédérale sur la protection contre le bruit. Désormais, la population peut déposer plainte pour non respect des normes.
"On est dans un système de stress global"
Pour Sophie Hoehn, cheffe de la section bruit routier à l'Office fédéral de l'environnement (OFEV), "la situation est devenue critique".
Le territoire suisse est petit et abrite une population de plus en plus mobile, ce qui a pour effet d'accentuer les problèmes de bruit, a-t-elle expliqué dans la Matinale de la Première.
La spécialiste a relevé par ailleurs que le mode de vie dans notre société, globalement plus stressant, peut abaisser le seuil de tolérance au bruit.
"On est entrés dans une société du 24h/24, 7 jour sur 7. (...) On est dans un système de stress global, et quand on est stressé n'importe quel bruit peut être dérangeant. (...) Il faut un moment où on puisse faire redescendre la machine", a-t-elle développé.
Le trafic routier est la principale source de pollution sonore mais aussi la plus nuisible sur le plan sanitaire, parce qu'elle est ininterrompue. Le trafic aérien cause une gêne importante mais les interdictions de mouvements d'avions la nuit offrent du répit, a expliqué Sophie Hoehn.
Les nuisances sonores perturbent le sommeil et causent un stress pouvant être à l'origine de maladies cardio-vasculaires. Tous les ans, 450 personnes meurent prématurément à cause du bruit.