Trois associations professionnelles ont envoyé vendredi 3700 lettres rédigées par leurs membres au ministre de la Santé.
Concrètement, ils demandent à Alain Berset de modifier "ce vieux système de délégation avec lequel nous travaillons", expliquait Stephan Wenger, co-président de la Fédération suisse des psychologues, dans La Matinale RTS vendredi: "Pour qu'un psychologue ou un psychothérapeute voie ses séances remboursées par l'assurance de base, il doit travailler dans les locaux d’un psychiatre et sous sa surveillance, dans un statut de personnel auxiliaire, qu'on considère tout à fait indigne de la formation que suivent nos membres".
Coûts de la santé
Or, cette situation devait être temporaire, le temps qu'une loi confirme les critères d'une bonne formation en psychothérapie. La loi existe depuis 2013, mais le système n'a toujours pas été modifié. Les réticences à entériner ce changement sont essentiellement liées à la crainte d'une nouvelle hausse des coûts de la santé.
Pour Stephan Wenger, l'argument ne tient pas: "Si on ne laisse pas un peu plus d'accès aux soins psychiques, on va avoir des coûts sociaux et économiques qui explosent. Notre calcul montre qu'aujourd'hui, ça coûterait à peu près 80 centimes sur une prime de 400 francs, alors que les coûts dus aux problèmes psychiques en Suisse sont estimés à 20 milliards".
Modèle de prescription
Les psychothérapeutes réclament donc de passer à un modèle dit de prescription: le psychologue pourrait ouvrir son cabinet librement, mais les patients passeraient toujours par un médecin qui prescrirait une thérapie et qui l'enverrait, du coup, chez le psychologue.
Au final, Stephan Wenger souligne qu'il n'y a pas "d'ennemi déclaré" à la réforme, d'où l'incompréhension des professionnels face au gel des négociations. Et si l'action postale du jour ne suffit pas, ils sont décidés à prendre d'autres mesures - lobbying politique et juridique ou encore pétition - pour se faire enfin entendre.
Marie Giovanola/Romaine Morard/pym