La grève des salariés du Matin, de 24 heures et de la Tribune de Genève, entamée mardi après-midi, se poursuit malgré les menaces de licenciement immédiat lancées mercredi matin par l'éditeur alémanique. Les éditions des trois quotidiens sont en conséquence parues amaigries mercredi.
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Moins d'une dizaine de salariés n'ont pas quitté leur poste ou ont repris leur travail mercredi matin, selon les informations de la RTS. Une cinquantaine d'autres ont décidé de poursuivre l'épreuve de force. "Nous avons vaincu notre peur", a confié un journaliste.
"Une grève dans la presse, c'est du jamais-vu"
Les grévistes et leurs divers soutiens ont accueilli les collègues en provenance de Genève mercredi à midi à la gare de Lausanne avant de monter en cortège sur l'avenue de la Gare jusqu'à la hauteur de la tour Edipresse. Les manifestants étaient plus de 200.
"C'est le seul moyen que nous avons trouvé aujourd'hui de dire à notre éditeur de renoncer aux licenciements et de revenir à la table des négociations de manière constructive", a indiqué Karim Di Matteo, interrogé dans le 12h30 de la RTS.
Et le président de la société des collaborateurs de 24 heures de saluer "le courage des journalistes massés aujourd'hui devant la tour". "Une grève dans la presse, c'est du jamais-vu", a-t-il relevé, évoquant un rassemblement historique.
Grève maintenue en attendant les résultats d'une conciliation jeudi
Tamedia a pour sa part proposé une séance de conciliation jeudi. Un rendez-vous accepté par les collaborateurs qui ont également choisi de maintenir la grève en attendant les résultats de cette séance.
Auparavant, le groupe de presse avait demandé aux grévistes de cesser "immédiatement" leur grève, menaçant de résilier la convention collective de travail (CCT) et l'accord interne. A ses yeux, cette grève est "illicite" et "disproportionnée".
Dans un courriel interne, Tamedia avait "sommé" les employés grévistes à retourner au travail "au plus tard à 11h ou selon l'horaire planifié", mercredi, menaçant de "résilier pour justes motifs les contrats" de ceux qui n'obtempéreraient pas.
Soutien des collègues alémaniques
La situation est aussi tendue, actuellement, au sein les rédactions alémaniques de Tamedia. Dans ce contexte, ces dernières ont tenu à se solidariser via un communiqué avec les collègues romands.
Simon Corthay/oang avec ats
Pétition de soutien
Les syndicats des journalistes suisses Impressum et Syndicom estiment la grève "licite et légitime" car elle "est la seule mesure qui restait à disposition des travailleurs pour être entendus". Ils appellent Tamedia à revenir à la table de négociation.
Un appel de soutien a été lancé et signé par des partis et des syndicats. La pétition en ligne exige le maintien de la diversité des titres.
Inquiétudes vaudoise et genevoise
Le Conseil administratif de la Ville de Genève s'est inquiété dans un communiqué du conflit social qui a éclaté au sein des titres de Tamedia en Suisse romande. L'exécutif municipal a dit attendre une autre attitude de la part du groupe zurichois.
Il souhaite que toutes les options puissent être étudiées pour éviter la disparition de la version papier du Matin. Selon le Conseil administratif, les décisions du groupe Tamedia menacent directement la diversité de la presse et le maintien des emplois en Suisse romande.
De son côté, le Conseil d'Etat vaudois souhaite que la direction de Tamedia et les représentants du personnel se retrouvent au plus vite à la table des négociations. La présidente de l'exécutif déplore également "que le ton soit monté avec des menaces à la clé qui ne sont évidemment d'aucune utilité dans un processus qui se voudrait constructif".
>> Ecouter le débat entre le conseiller aux Etats PLR vaudois Olivier Français et la présidente du PS vaudois Jessica Jaccoud dans Forum: