"Peut-on blâmer un éditeur qui perd des millions?", lit-on dans l’éditorial provocateur du dernier numéro. En plein bras de fer historique entre certaines rédactions romandes de Tamedia et l'éditeur face à la fin annoncée de la version papier du Matin, le magazine destiné aux journalistes semble donc lâcher ces derniers.
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Dans ce contexte, l’éditorial signé par le rédacteur en chef d'Edito Alain Maillard, qui écrit qu'il "est difficile de mettre en cause la rétribution excessive des actionnaires", passe très mal. Ce point de vue est à l'opposé de celui des employés de Tamedia et des syndicats, et les journalistes contactés par la RTS parlent de "coup de poignard dans le dos" ou de "lâcheté."
"Le problème est plus profond"
Alain Maillard, lui, estime être mal compris. "Il faudrait prendre conscience que le problème est plus profond", explique-t-il. "Ce n'est pas seulement ces salauds d'éditeurs qui ferment Le Matin. Le problème va beaucoup plus loin que ça, c'était le seul propos. Visiblement, c'est pris comme une provocation, je veux bien l'assumer."
Les trois syndicats qui financent le magazine ne l'entendent pas de cette oreille. Président d'Impressum, Christian Campiche précise que l'indépendance de la publication est sacrée mais ne cache pas son désaccord: "Je pense que c'est en tout cas maladroit. On ne peut pas absoudre l'éditeur qui aboutit à la suppression d'un titre."
Perspectives financières préoccupantes
Cet éditorial de la discorde tombe au plus mal pour le magazine. Tiré à environ 11'000 exemplaires, il paraît six fois par année en français et en allemand et il va perdre un tiers de son financement d'ici à la fin de l'année. Le Syndicat suisse des mass médias (SSM) vient en effet de décider de ne plus payer sa part de 90'000 francs par année.
Ludovic Rocchi/oang