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L'UDC dit non à la libre circulation

Les délégués ont massivement voté contre la libre circulation.
Les délégués ont massivement voté contre la libre circulation.
Les délégués de l'UDC suisse ont décidé samedi à Dietikon (ZH) de dire «non» à la reconduction et à l'extension de l'accord sur la libre circulation des personnes. Ils ont suivi la direction du parti par 432 voix contre 45 et 6 abstentions.

Ueli Maurer a voté pour le boycott du scrutin, soumis au peuple
le 8 février. Le choix du mot d'ordre a donné lieu a un long
débat.

Duel Blocher contre Spuhler

Réunie à Dietikon (ZH), l'assemblée des délégués a été
l'occasion d'un duel entre Christoph Blocher et l'entrepreneur
thurgovien Peter Spuhler. Le premier a défendu le non à la libre
circulation des personnes, «car elle fera augmenter le chômage et
nivellera les salaires vers le bas», a-t-il dit.



«L'objet soumis au peuple le 8 février prochain contient deux
questions, mais le citoyen ne peut donner qu'une seule réponse,
forcément faussée», a dénoncé Christoph Blocher. L'ancien
conseiller fédéral avait au départ convaincu son parti de ne pas
saisir le référendum contre la reconduction et l'extension de
l'accord. Car il ne voulait pas que les citoyens doivent répondre à
«une question trompeuse», a-t-il expliqué.

Eviter les luttes internes

«Malheureusement, le référendum a abouti, il faut maintenant
répondre à la question par non. Cela n'aura pas de conséquences
négatives pour la Suisse, selon lui. De plus, «le Parlement
organisera ensuite une deuxième votation dans laquelle les citoyens
pourront donner une réponse fidèle à leur opinion», a-t-il
poursuivi.



Christoph Blocher a indiqué qu'il est égal qu'une partie des
parlementaires UDC s'engage pour la libre circulation. «Mais il
faut se battre pour que les autres partis ne nous montent pas les
uns contre les autres», a conclu le Zurichois.

Peter Spuhler échoue

Ecouté attentivement par les quelque 500 délégués présents, le
conseiller national thurgovien Peter Spuhler, à la tête d'un comité
de parlementaires UDC favorables à la libre circulation, n'a pas
réussi à convaincre ses camarades de parti.



Selon lui, un non condamnerait l'ensemble des accords bilatéraux I
indispensables à la prospérité du pays. «On pourrait certes
renégocier ces accords, mais l'UE ne manquerait pas l'occasion pour
y inclure le secret bancaire et l'actuel litige fiscal des
entreprises», a averti le directeur de l'entreprise Stadler. Et en
cas de refus, l'économie suisse, aujourd'hui clairement opposée à
l'adhésion à l'UE, pourrait changer d'avis en sa faveur.

Peu de voix contraires

La conseillère d'Etat zurichoise Rita
Fuhrer et le conseiller national schaffhousois Thomas Hurter ont
aussi plaidé en faveur du «oui». Un délégué a osé les suivre en
disant: «les étrangers criminels viennent déjà aujourd'hui en
Suisse, l'extension de la libre circulation des personnes n'y
changera rien». Il a appelé à combattre les abus et la criminalité,
mais pas la libre circulation.



De nombreux délégués ont pris la parole pour convaincre leurs
camarades de refuser la libre circulation. Le président des Jeunes
UDC Erich Hess craint une immigration massive en provenance de la
Roumanie et de la Bulgarie. Le conseiller national Hansruedi
Wandfluh (UDC/BE) a plaidé en vain pour le boycott du
scrutin.



ats/cer

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Un parti divisé

L'UDC suisse a changé plusieurs fois d'avis sur la stratégie à suivre concernant l'extension de la libre circulation des personnes.

Elle avait d'abord annoncé le référendum avant d'y renoncer après que le Parlement a décidé de lier l'extension à la question de la reconduction de l'accord.

Cela n'a pas empêché les Jeunes UDC de lancer le référendum avec Les Démocrates suisses et la Lega tessinoise. Une dizaine de sections cantonales de l'UDC ont également participé à la récolte des signatures.

Le référendum a abouti de justesse avec 51'348 paraphes début octobre.

Du coup, la direction de l'UDC suisse a revu sa position.

Réuni vendredi, c'est par 49 voix contre 4 avec 3 abstentions que le comité directeur recommande aux délégués de refuser les deux objets.

Cette consigne claire n'empêche pas le parti d'être divisé sur le sujet.

L'entrepreneur Peter Spuhler a constitué cette semaine un comité favorable à la reconduction et à l'extension des accords. Ce comité rassemble plus d'un tiers du groupe parlementaire.

Pour un retour au Conseil fédéral

Lors de l'ouverture de l'assemblée, le président de l'UDC suisse Toni Brunner a appelé les autres partis à faire le 10 décembre un premier pas pour rétablir la concordance en élisant Christoph Blocher ou Ueli Maurer au Conseil fédéral.

"Fini les petits jeux", a déclaré en substance le conseiller national saint-gallois. Il s'est déclaré confiant dans l'élection de l'un ou l'autre des candidats du parti.

Il faut que l'UDC retourne au gouvernement, a répété Toni Brunner. L'UDC est favorable à "moins d'Etat", moins d'internationalisme et davantage de "cas particulier: Suisse". Le filet des lois et règlements doit être desserré et les charges représentées par les impôt, les taxes et autres redevances doivent être allégées.

Pour toutes ces raisons, la présence de l'UDC au gouvernement est nécessaire. L'UDC a par ailleurs fait ce qu'elle devait faire pour le 10 décembre avec son "ticket" Blocher-Maurer, selon Brunner.

Les délégués ont réservé une «standing ovation» aux deux candidats. Ils ont en revanche refusé une résolution demandant que les deux candidats rejettent sans réserve l'extension de la libre circulation.