Interrogé par la presse, le président de la commission Bruno
Zuppiger (UDC/ZH) a refusé de préciser d'où vient l'opposition.
Celle-ci devrait cependant être issue du camp rose-vert, puisque
l'UDC semble avoir retourné sa veste et soutenir le programme
d'armement devisé à 917 millions.
Le plénum se prononcera le mardi de la deuxième semaine de la
session de décembre, soit la veille de l'élection de Samuel Schmid
à la vice-présidence du Conseil fédéral. D'ici là, la commission
attend encore un calendrier présentant les mesures destinées à
corriger les dysfonctionnements qui entravent l'armée. Elle a
discuté longuement des problèmes, lundi et mardi matin, selon Bruno
Zuppiger.
Gauche minorisée
La gauche (trois Verts et cinq socialistes) s'est d'ailleurs
retrouvée seule à défendre une nouvelle fois les amendements
qu'elle avait déposés lors du premier examen du projet et qui
avaient été refusés par le plénum. La commission a ainsi rejeté par
21 contre 3 une proposition de non-entrée en matière.
Par 16 voix contre 3 et 5 abstentions, la majorité a refusé de
biffer l'achat de 220 véhicules protégés de transport de personnes
(369 millions de francs). Par 16 voix contre 8, elle a également
dit non à un report de la décision sur l'enveloppe de 404 millions
destinée à la mise à jour des avions de combat FA-18.
Les socialistes, qui souhaitent lier ce crédit à l'achat de
nouveaux appareils pour remplacer les F-5 Tiger, avaient déjà
formulé une telle revendication en septembre. Faute d'avoir été
suivis par le plénum, ils avaient alors uni leur voix à celles des
écologistes et des UDC pour refuser le programme d'armement.
Discussion avec Samuel Schmid
Les démocrates du centre avaient alors motivé leur décision non
pas par la guerre d'usure qu'ils mènent contre le conseiller
fédéral Samuel Schmid mais par la nécessité de prendre sans
attendre des mesures pour améliorer la conduite de l'armée. Les
garanties fournies par le Département fédéral de la défense (DDPS)
semblent désormais leur suffire.
«Nous avons mené de longues discussions sur les manques au niveau
de la logistique ainsi que sur l'optimisation de l'armée et reçu
toute une série de documents», a expliqué Bruno Zuppiger. Et
d'ajouter que la commission avait l'impression que le DDPS et la
direction de l'armée souhaitaient régler les problèmes
soulevés.
ats/ps
La partie n'est pas gagnée pour Schmid
Pour l'UDC zurichois, le soutien de la commission est un geste de bonne volonté. Il a toutefois tenu à garder une part de suspense concernant la décision que prendra le National vraisemblablement le mardi 9 décembre, soit la veille de l'élection de Schmid à la vice-présidence du gouvernement.
Par 16 voix contre 8, la commission a en effet chargé le ministre de la défense de présenter d'ici au 1er décembre un rapport de suivi présentant des mesures destinées à corriger les dysfonctionnements qui entravent l'armée ainsi que le calendrier de leur mise en oeuvre. Il s'agira aussi de faire le point sur l'obligation de servir et le nombre grandissant de personnes réformées.
Tout juste remis de son opération de la vésicule biliaire, Samuel Schmid a accepté de remettre ce document.
Mais s'il ne tient pas promesse, les groupes parlementaires auront encore l'occasion de revoir leur position le 2 décembre concernant le programme d'armement, a averti Bruno Zuppiger.
Un deuxième refus du National marquerai l'enterrement du projet. Outre les crédits pour les FA-18 et les véhicules protégés de transport de personnes, cette liste d'achats prévoit l'acquisition de douze engins d'exploration ABC (70 millions) et de quatre systèmes mobiles et protégés de détection ABC (47 millions).
Ils ont voté "l'armée de nos grands-pères"!
L'UDC n'a pas retourné sa veste, soutient Toni Bortoluzzi. Le dernier rapport du DDPS satisfait des exigences importantes pour son parti. «Le DDPS nous a assuré que des nouveaux chefs seront nommés à la tête de l'armée et de l'armée de l'air, avant la fin de l'année».
Pour la gauche, le revers est difficile: tant le PS que les Verts s'attendent à ce que la majorité bourgeoise l'emporte et vote en faveur du programme complet, lors de la session parlementaire de décembre.
"L'UDC paiera le prix pour cela: elle ne peut pas expliquer ce changement vis-à-vis du public", selon Josef Lang, de la commission.
Pour le président du PS, Christian Levrat, cette décision montre «une mauvaise compréhension des intérêts de la Suisse en matière de politique de sécurité.» Les vraies menaces sont ailleurs.
"Elles sont environnementales et électroniques. Je vois mal comment on peut lutter contre cela avec des FA-18. C'est l'armée de nos grands-pères qu'ils ont votée", conclut le Fribourgeois.