La cérémonie officielle, présidée par le numéro un chinois, Hu
Jintao, a eu lieu à Yingxiu, dans le district de Wenchuan,
épicentre du tremblement de terre.
Le séisme de magnitude 8 sur l'échelle de magnitude de moment - le
plus puissant en Chine depuis 30 ans - a ravagé une zone
montagneuse au nord-ouest de la capitale provinciale Chengdu et
représenté une terrible catastrophe pour la Chine.
Une minute de silence
A 14H28 (06H28 GMT), heure à
laquelle il y a un an la terre avait tremblé, un président Hu en
costume noir a observé une minute de silence, accompagné d'autres
dirigeants, comme le vice-Premier ministre Li Keqiang, et de
nombreux ambassadeurs étrangers.
Hu Jintao a ensuite pris la parole pour rendre hommage aux
milliers de victimes et à ceux qui étaient morts en participant aux
opérations de secours. Remerciant les contributeurs de l'aide
internationale, il a loué l'unité de la Chine face aux difficultés.
"Les opérations de secours et de reconstruction nous ont montré une
fois de plus que l'union fait la force et que la victoire naît de
la lutte", a-t-il dit dans un discours à la tonalité très
officielle.
"L'ensemble du parti, de l'armée, du pays et chaque minorité
doivent encore plus se rassembler pour vaincre les difficultés et
les risques qui se présenteront sur notre chemin (...) et pour
accueillir les 60 ans de la fondation de la nouvelle Chine avec de
bonnes performances", a conclu le numéro un chinois, avant d'aller
déposer un chrysanthème blanc, couleur du deuil, au pied du
monument, suivi de centaines de participants.
La ville fantôme du Beichuan ouverte
Les voitures ont embouteillé les
routes menant à Beichuan, l'une des villes les plus touchées avec
près de 20'000 morts et disparus. Des milliers de personnes ont
envahi les rues de la cité dévastée, rouverte spécialement pour
l'occasion.
"Je suis venue pour rendre hommage aux enfants qui sont morts à
l'école", dit Han Jianmin, une employée de bureau de la ville
voisine de Mianyang. Elle brûle de faux billets, une offrande
commune pour les morts en Chine. "L'effondrement des écoles a été
l'épisode le plus tragique", ajoute celle qui n'a cependant pas
perdu de proches lors de la catastrophe.
Certains parents, qui n'avaient pas hésité à mettre en cause la
corruption des autorités locales, estiment ne pas avoir reçu de
réponse satisfaisante. Un peu partout, les parents endeuillés
pleurent, tout en allumant des pétards pour faire fuir les mauvais
esprits.
Car si la vie a repris au Sichuan, où de nouvelles maisons et
usines surgissent dans la fièvre de la reconstruction (lire
ci-contre), près de 18'000 personnes sont toujours portées
disparues. "Un an est peut-être suffisant pour les blessures les
plus graves, mais pas pour les coeurs brisés", a estimé dans un
éditorial le China Daily.
agences/bri
Province dopée par les reconstructions
De gigantesques investissements ont afflué après le séisme dévastateur de l'an dernier dans le Sichuan. Les flots d'argent débloqués par Pékin pour rebâtir maisons, usines ou routes -urgents alors que le tremblement de terre avait laissé plus de 5 millions de sans-abri- ont permis de compenser l'impact de la catastrophe sur l'économie de cette région. Ils ont même permis d'atténuer les effets de la crise financière internationale sur la Chine, selon des analystes.
Les conséquences ont été "ressenties durant un trimestre, car le séisme a perturbé toute l'activité manufacturière. Mais avec la reconstruction, les investissements se sont accélérés, avec une influence positive sur le Produit intérieur brut (PIB)", explique Sherman Chan, de Moody's Economy.com. Les efforts de reconstruction ont été sensibles dès le troisième trimestre qui a vu le PIB repartir à la hausse, à +10,1%.
"Cela a eu des conséquences sur le reste du pays, car les ressources se sont retrouvées dirigées vers le Sichuan au lieu d'être réparties ailleurs", souligne Sherman Chan.
Avec ses 87 millions d'habitants et ses 485'000 kilomètres carrés - quasiment la taille de l'Espagne -, le Sichuan reste une province rurale et pauvre du sud-ouest de la Chine.
Tension entre Pékin et les journalistes
L'anniversaire du séisme au Sichuan a donné lieu à une épreuve de force entre les autorités chinoises et les journalistes étrangers. Les premières fustigent les seconds, les accusant d'être des fauteurs de troubles. Ceux-là dénoncent de graves entraves à l'exercice de leur profession.
Pour les correspondants étrangers le choix était simple: aller dans le Sichuan dans le cadre d'un voyage de presse officiel strictement encadré, comprenant un détour par des réserves de pandas, ou en mission indépendante au contact de la population sinistrée, au risque de se voir expulsé, plus ou moins violemment, malgré les permis de travail délivrés localement. Certains ont dû supprimer les images et sons enregistrés; d'autres ont vu leur appareil photo ou caméra être cassés; quelques-uns ont été brutalisés.
Au coeur des tensions: la colère, le deuil impossible de parents et la corruption. Des cadres locaux sont accusés de s'être mis l'argent des matériaux de construction dans la poche. Mercredi dernier, Hou Xiongfei, numéro deux de la propagande du Sichuan, a accusé les journalistes occidentaux de venir dans la zone de la catastrophe pour exciter les gens et leur demander de s'organiser contre le gouvernement.
La presse chinoise, qui avait interviewé des parents endeuillés il y a un an, a préféré pour l'anniversaire multiplier les reportages positifs sur des survivants héroïques ou la reconstruction.