«Les limitations aux livraisons de gaz pour les consommateurs
ukrainiens ont été levées», indiquent Gazprom et le groupe
ukrainien Naftogaz dans un communiqué conjoint publié à Moscou et à
Kiev.
Cet accord est intervenu après un échange téléphonique entre les
présidents russe Vladimir Poutine et ukrainien Viktor Iouchtchenko.
Dans la foulée, les patrons de Gazprom Alexeï Miller et de Naftogaz
Oleg Doubina ont trouvé une porte de sortie à la crise, mettant un
terme aux menaces et aux accusations qui fusaient d'une capitale à
l'autre depuis lundi.
Gazprom avait réduit de moitié ses livraisons de gaz à l'Ukraine
en deux étapes lundi et mardi et menacé d'aller plus loin encore si
les pourparlers ne reprenaient pas. Cette situation avait provoqué
l'inquiétude à Bruxelles et à Washington.
Sueurs froides en Europe
Ce nouvel épisode de «guerre du gaz» entre les deux voisins
avait provoqué des sueurs froides en Europe, où les coupures
intervenues lors de la première crise russo-ukrainienne de janvier
2006 ont laissé de mauvais souvenirs. Un quart du gaz consommé par
l'Union européenne (UE) vient de Russie et transite à 80% via
l'Ukraine.
La Commission européenne avait annoncé la convocation pour mardi
prochain d'une réunion spéciale de son groupe de coordination sur
le gaz pour discuter de la crise. Le communiqué conjoint réaffirme
d'ailleurs que «le transit de gaz russe pour les consommateurs
européens via le territoire ukrainien se fait à plein régime». La
Suisse n'est elle pas touchée par cette crise.
Le groupe russe avait auparavant accusé Kiev de vouloir prélever
une partie du gaz destiné à ses clients européens (60 millions de
mètres cubes par jour sur un total d'environ 350 millions), ce qu'a
immédiatement démenti le premier ministre ukrainien Ioulia
Timochenko.
afp/hoj/ant
La crise semble encore loin d'être résolue
L'accord conclu entre Gazprom et Naftogaz semble laisser entier le problème du schéma de livraisons de gaz à l'Ukraine. Les deux groupes ont prudemment indiqué que «les négociations sur les autres questions de coopération gazière se poursuivront».
Un premier accord de principe conclu le 12 février à Moscou entre les présidents Poutine et Iouchtchenko, qui prévoyait le paiement de la dette et une simplification des schémas de livraisons, est resté jusqu'ici lettre morte.
La crise a été aggravée par les relations de plus en plus aigres entre Viktor Iouchtchenko et Ioulia Timochenko ces dernières semaines. Le président avait houspillé mardi soir son premier ministre, se déclarant «obligé» d'attirer «une fois de plus» son attention sur les actions «insuffisantes et inadéquates» du gouvernement ukrainien pour la résolution de la crise gazière.
Selon les spécialistes, l'enjeu de la crise n'est pas tant la dette de l'Ukraine - Gazprom lui réclamait ces derniers jours 600 millions de dollars - que le contrôle du marché du gaz ukrainien à l'avenir, une fois modifiés les schémas de livraisons.
Ioulia Timochenko a réaffirmé mercredi qu'elle entendait toujours obtenir la suppression des intermédiaires controversés entre Gazprom et Naftogaz. Les négociations vont reprendre la semaine prochaine à Moscou, selon Naftogaz.