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Le père de la bombe atomique pakistanaise libéré

La Haute Cour pakistanaise a rendu sa liberté de mouvement à A. Q. Khan.
La Haute Cour pakistanaise a rendu sa liberté de mouvement à A. Q. Khan.
La justice pakistanaise a ordonné vendredi la libération du scientifique Abdul Qadeer Khan, le père de la bombe atomique au Pakistan, qui vit depuis cinq ans en résidence surveillée après avoir reconnu s'être livré à des activités de prolifération nucléaire.

"Le demandeur (Abdul Qadeer Khan) est déclaré citoyen libre",
selon un arrêt de la Haute cour d'Islamabad, la capitale
pakistanaise. Le président de cette juridiction, Sardar Mohammad
Aslam, avait reçu vendredi en audience à huis clos les avocats
d'Abdul Qadeer Khan et ceux du gouvernement pakistanais.

Le scientifique a immédiatement remercié le président
pakistanais Asif Ali Zardari et le Premier ministre Yousuf Raza
Gilani, depuis sa résidence d'Islamabad.



"Compte tenu ce qui m'a été dit, je pourrai me rendre n'importe où
au Pakistan, sans aucune restriction, entouré des mesures de
sécurité dont je disposais précédemment", a-t-il déclaré à des
journalistes. "Si je veux voyager à l'étranger, je demanderai la
permission du gouvernement", a-t-il toutefois précisé.

Assigné à résidence depuis 2004

En février 2004, Khan avait reconnu à la télévision avoir
transmis des informations et du matériel nucléaires à l'Iran, la
Libye et la Corée du Nord. Il était toutefois revenu par la suite
sur ses déclarations. Il avait été pardonné par l'ancien président
Pervez Musharraf mais placé en résidence surveillée.



Les mesures à son encontre avaient été assouplies l'année
dernière, Khan ayant été notamment autorisé à rencontrer des amis.
Il avait aussi donné une série d'interviews aux médias après
l'arrivée d'un nouveau gouvernement en mars.



Agé de 72 ans, Khan, qui a été soigné pour un cancer de la
prostate, avait alors irrité l'armée par des commentaires laissant
entendre que les militaires, dont Musharraf, ancien chef des
armées, étaient impliqués dans le trafic de matériel
nucléaire.



Un tribunal avait confirmé son assignation à résidence en juillet
et lui avait interdit de parler de prolifération nucléaire à la
presse.

Un réseau de prolifération hors d'usage

La décision de la justice pakistanaise intervient trois semaines
après l'annonce par le département d'Etat américain de l'imposition
de sanctions à l'encontre d'une douzaine de personnes et
d'entreprises liées à Abdul Qadeer Khan.



"Nous pensons que le réseau d'Abdul Qadeer Khan n'est plus en état
de fonctionnement, mais les pays devraient rester vigilants et
s'assurer que les associés d'Abdul Qadeer Khan et ceux qui
cherchent à se livrer à des activités similaires de prolifération,
ne deviennent pas une source future d'informations ou d'équipements
nucléaires sensibles", avait alors expliqué la diplomatie
américaine.



afp/jeh

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Questions en suspens

L'an dernier, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) avait publié un rapport montrant que le réseau d'Abdul Qadeer Khan avait été actif dans douze pays.

Le Pakistan considère que l'affaire Khan est close.

Ce qui n'est pas l'avis des Etats-Unis et des experts internationaux qui souhaitent toujours interroger le chercheur.

Le nom d'Abdul Qadeer Khan est connu en Suisse.

La famille Tinner (le père et ses deux fils), accusée d'être impliquée dans un trafic de matériel nucléaire, aurait été en contact avec le "père" de la bombe nucléaire pakistanaise entre 2001 et 2003.