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Le Conseil fédéral pour une participation à Atalante

La Suisse pourrait envoyer des soldats dans le Golfe d'Aden.
L'idée d'envoyer des soldats suisses en mer suscite de vives oppositions.
Le Conseil fédéral est favorable à une modeste participation de la Suisse à l'opération Atalante de l'Union européenne (UE), visant à assurer la sécurité des navires au large des côtes somaliennes. Sa participation devrait toutefois se limiter à un "service d'appui".

Dans un message adressé au Parlement, le gouvernement propose
également de modifier la loi pour la participation de l'armée
suisse à de futures opérations internationales de police. Ce qui
suscite déjà des réactions négatives.



La loi sur l'armée et l'administration militaire (LAAM) limite à
30 personnes et à une année la participation de militaires suisses
à un service d'appui aux opérations d'aide humanitaire ou destiné à
la sauvegarde d'intérêts suisses à l'étranger, a rappelé jeudi le
Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).



Le Parlement ne se prononcera pas avant la session d'automne sur
l'envoi de soldats suisses. Les délais sont trop courts pour que le
dossier soit déjà traité en juin.

Dangers croissants

Le Conseil fédéral avait déjà approuvé le 25 février dernier le
principe d'une participation de la Suisse à Atalante afin de
protéger contre la piraterie ses navires, ainsi que ceux du
Programme alimentaire mondial.



Dans le cadre de l'opération Atalante, la Suisse bénéficie
actuellement du soutien de la communauté internationale pour la
protection de ses intérêts sans qu'il lui soit demandé une stricte
réciprocité, a expliqué le DFAE. Elle ne peut cependant tabler
durablement sur une telle situation alors que le phénomène des
Etats fragiles ou défaillants, les "failed states", va
s'amplifiant.



"La Suisse partage avec la communauté internationale une
vulnérabilité aux dangers liés à la déliquescence des structures
étatiques; sa participation à de telles actions sert donc à la fois
ses propres intérêts et la solidarité internationale", a relevé le
DFAE.

Vers d'autres missions

A côté de cette participation à Atalante, sous forme d'un arrêté
fédéral soumis au Parlement, le Conseil fédéral veut également
modifier la LAAM pour créer "une base légale plus flexible" pour de
tels engagements.



Une "audition" des partis politiques est prévue pour cette
modification, soumise au référendum facultatif. Les deux objets
sont traités dans le même message au Parlement.



L'Action pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN) estime que
le gouvernement "a définitivement perdu la tête". L'association
considère que l'envoi de soldats suisses pour des engagements armés
à l'étranger est "absurde et irresponsable" et menace la neutralité
du pays.



L'ASIN relève que le Conseil fédéral a voulu enjoliver ce projet
en lui donnant le titre "engagement de police" et qu'il s'agit
d'une déformation des faits "crasse": il s'agit d'engagements
militaires dangereux, il y aura des tirs et des morts.



Quant à la modification de la LAAM, l'ASIN estime qu'il s'agit
d'une porte ouverte à des engagements militaires à l'étranger, ce
qui porterait atteinte à la neutralité.



agences/sbo

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«Atalante», première opération navale de l'UE

«Atalante» vise à lutter contre les pirates qui sévissent au large de la Corne de l'Afrique. Cette opération navale, la première de l'histoire de l'Union européenne (UE), est le prolongement de l'engagement anti-piraterie de l'OTAN.

Après plusieurs spectaculaires attaques de pirates somaliens contre des navires marchands et des yachts, l'UE a décidé fin 2008 de mettre sur pied «Atalante».

Onze pays y participent: la Grande-Bretagne, la Grèce, la France, l'Allemagne, l'Espagne, la Pologne, l'Italie, les Pays-Bas, la Norvège, la Belgique et la Suède.

Depuis le mois de décembre, six navires de guerre et trois avions patrouillent dans la région. Le quartier général de l'opération, dirigée par l'amiral britannique Philip Jones, compte quelque 80 officiers.

Agissant sur mandat de l'ONU, la flottille de l'UE doit escorter les navires du Programme alimentaire mondial, qui livrent une importante aide humanitaire à la Somalie.

Autre mission: patrouiller pour dissuader les pirates d'attaquer les navires marchands. Des forces sécuritaires sont en outre envoyées à bord des cargos.

250 millions pour la sécurité en Somalie

La communauté internationale a promis jeudi lors d'une conférence des donateurs à Bruxelles environ 250 millions de dollars pour soutenir le rétablissement de la sécurité sur le sol de la Somalie, et ainsi réduire la piraterie dans le golfe d'Aden.

Outre cette aide financière, «il faut ajouter les contributions matérielles et logistiques, donc on est (au final) très nettement au-dessus de ce qu'on avait espéré», s'est réjoui le commissaire européen au Développement Louis Michel, qui a lui-même promis 60 millions d'euros.

Quelque 200 millions d'euros, dont 35 millions en nature (tentes, véhicules blindés, équipements divers) étaient espérés sur les douze mois qui viennent pour soutenir le rétablissement de forces de sécurité et de police en Somalie, en guerre civile depuis 1991, et aider la mission de maintien de la paix de l'Union africaine (Amisom).

«La communauté internationale dit vouloir aider la Somalie donc nous devons saisir cette opportunité, et unir nos efforts pour rétablir la paix» dans ce pays pauvre de la Corne de l'Afrique, a de son côté plaidé le nouveau président somalien Charif Cheikh Ahmed.

Mais il a malgré tout mis en garde la communauté internationale contre la tentation de ne s'attaquer qu'aux pirates, dont les attaques se multiplient au large des côtes somaliennes.