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GM va supprimer 10'000 emplois en gardant Opel

Le groupe General Motors quitte les bords de la Limmat pour l'Allemagne.
GM restructure Opel et supprime 10'000 emplois.
La volte-face de l'américain General Motors, qui a finalement décidé de garder le constructeur Opel dans son giron, a surpris les capitales européennes et provoqué la colère en Allemagne. Dans la foulée, GM a annoncé la couleur quant aux réductions d'effectifs.

Le groupe table sur environ 10'000 suppressions d'emplois chez
Opel, a déclaré le vice-président John Smith mercredi. Le
constructeur emploie actuellement plus de 50'000 personnes en
Europe: il produit en Allemagne, où travaillent la moitié de ses
salariés, en Espagne, en Belgique, en Pologne et au Royaume-Uni,
sous la marque Vauxhall.



"Le comportement de General Motors est absolument inacceptable",
en particulier "vis-à-vis des salariés à huit semaines de Noël", a
jugé le ministre fédéral de l'Economie Rainer Brüderle. Ce dernier
veut désormais récupérer un crédit de 1,5 milliard d'euros accordé
à GM pour maintenir Opel à flot.

Décision définitive

Berlin considère cette décision, qui représente un revers pour
la chancelière Angela Merkel, comme définitive. Mais le
gouvernement a néanmoins l'intention de demander quelques
clarifications à Washington. Angela Merkel avait en effet fait
fortement pression, en pleine campagne électorale, pour une vente à
Magna.



La Maison Blanche a répété mercredi être étrangère à la décision
du constructeur, annoncée le jour même d'une visite à Washington de
Mme Merkel. L'Etat américain détient plus de 60% du capital de GM,
mais assure régulièrement ne pas s'immiscer dans la gestion
quotidienne de l'entreprise.



Arguant d'une meilleure "santé financière" et de "l'importance
d'Opel/Vauxhall" pour sa stratégie internationale, GM avait annoncé
avoir finalement décidé de conserver Opel, après avoir pendant de
longs mois négocié sa vente au consortium Magna/Sberbank.

Rassemblements prévus jeudi


Les salariés européens de GM s'inquiètent de leur sort. GM n'a pas
encore détaillé ses intentions, mais évalué à 3 milliards d'euros
le coût de la restructuration qu'il envisage. Les syndicats ont
prévu des rassemblements jeudi sur tous les sites allemands, qui
devraient ensuite s'étendre.



Le puissant syndicat allemand IG Metall a pris soin de préciser
qu'il se battait "pour l'avenir de tous les sites européens".
Berlin était soupçonné par les Etats européens abritant des usines
Opel d'avoir désigné Magna comme repreneur car il prévoyait le
maintien des quatre sites allemands.

Réactions plus nuancées

De fait, si la surprise semble générale dans les autres
capitales européennes, les réactions sont nettement plus nuancées.
Le ministre polonais de l'Economie Waldemar Pawlak s'est même
félicité du retournement de situation, vantant le "pragmatisme" des
Américains.



Le Royaume-Uni, qui compte 4700 salariés de GM Europe, a annoncé
"vouloir travailler étroitement avec GM", et n'a pas exclu
d'injecter de l'argent dans une restructuration. Le plus grand
syndicat du pays, Unite, a salué "une décision fantastique".



Le chef du gouvernement flamand de Belgique Kris Peeters a pris
acte, et rappelé que le plan de restructuration prévu par Magna
"n'était pas bon pour (le site de production d') Anvers" puisqu'il
envisageait sa fermeture.



L'étonnement régnait aussi en Espagne, où le ministre de
l'Industrie Miguel Sebastian, s'est dit prêt à négocier avec GM, et
en Russie. Ce pays n'accueille pas de site de production, mais la
banque semi-publique Sberbank était le partenaire financier de
Magna dans cette opération. Les partenaires vont procéder à une
"analyse juridique" de la décision, a mis en garde le porte-parole
du Premier ministre Vladimir Poutine.



La Commission européenne, qui avait soulevé des doutes sur la
légalité du plan de sauvetage de Berlin, a souhaité mercredi que le
nouvel Opel version GM repose sur "des bases économiques solides",
et vérifiera que sa restructuration est compatible avec la
législation européenne.



ats/lan

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Le groupe GM en Europe

General Motors Europe, groupe qui comprend la marque Opel, emploie environ 50'000 personnes dans sept pays du continent.

Les effectifs sont concentrés pour moitié en Allemagne, dans le berceau d'Opel à Rüsselsheim, ainsi qu'à Bochum, Eisenach et Kaiserslautern.

GM Europe a vendu 2,04 millions de véhicules sur le continent en 2008, principalement avec ses marques Opel, Vauxhall, Chevrolet et Saab, soit une part de marché de 9,3%.

En 2008, ses effectifs se répartissaient ainsi:

Allemagne: 25'000 salariés sur quatre sites Opel, et un grand centre de recherche et développement

Espagne: 7000 salariés à Barcelone et Saragosse

Grande-Bretagne: 4700 salariés de Vauxhall, principalement à Ellesmere Port et Luton

Pologne: 3500 salariés à Gliwice

Belgique: 2500 salariés à Anvers

Italie: 1800 salariés

Autriche: 1600 salariés

France: 1500 salariés, principalement à Strasbourg, Batilly (Meurthe-et-Moselle, usine Renault) et Cerizay (Deux-Sèvres, usine Heuliez)

Magna bon perdant

Pour sa part, l'équipementier canadien Magna a joué les bons perdants, et continuera "à soutenir Opel et GM dans les défis à venir".

General Motors est le plus important acheteur de ses produits. Le patron de Magna Frank Stronach, qui voit s'écrouler son rêve de créer un constructeur automobile, a fait preuve de sérénité. "La vie continue", a-t-il déclaré.