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Les civils sont les premières victimes des conflits

Les civils (ici au Pakistan) souffrent notamment des déplacements forcés.
Les civils (ici au Pakistan) souffrent notamment des déplacements forcés.
Les conflits font un nombre inquiétant de victimes parmi les civils. Près des deux tiers de la population de huit pays touchés par un conflit ont ressenti les effets des hostilités, selon une enquête du CICR publiée lundi.

L'enquête révèle que le déplacement forcé, la dispersion des
familles et l'absence d'accès aux produits de première nécessité
sont parmi les expériences les plus communes. Sur les 4000
personnes interrogées, 56% ont indiqué avoir été déplacées par les
combats.



Près de la moitié des personnes ont perdu le contact avec un
proche: 86% au Libéria, 61% en Afghanistan, 51% au Liban, 47% en
RDC, 37% à Haïti. «Le plus frappant est l'intensité et la fréquence
des craintes de la perte d'un membre de sa famille ou de la
séparation avec un proche», a déclaré lors d'une conférence de
presse le directeur des opérations du Comité international de la
Croix-Rouge (CICR) Pierre Krähenbühl, en présentant les résultats
de l'enquête.

Du Libéria à l'Afghanistan

Effectuée par l'Institut Ipsos entre février et avril de cette
année, l'enquête a porté sur un échantillon représentatif de 4000
personnes réparties dans huit pays en conflit. Elle est publiée à
l'occasion du 150e anniversaire de la bataille de Solferino.



Dans les huit pays touchés, 66% des personnes interrogées ont
déclaré avoir ressenti les effets des hostilités, jusqu'à 96% de la
population au Libéria, au Liban et en Afghanistan, même 98% en
Haïti.



«L'une des leçons que nous tirons de cette enquête est la
nécessité d'élargir notre aide, ne pas rester limité à notre
domaine d'expertise», a affirmé Pierre Krähenbühl. Il ne suffit pas
de secourir les blessés ou de fournir une aide alimentaire. «L'on
se rend compte en interrogeant les victimes que la dynamique du
conflit a des implications beaucoup plus vastes», a-t-il dit.



Des femmes subissent directement les violences en République
démocratique du Congo en étant violées. Mais beaucoup d'autres ont
seulement peur de donner naissance à un enfant, a expliqué le
responsable du CICR.

Des populations déplacées

L'expérience du déplacement forcé revient très souvent dans les
réponses: en Afghanistan, 76% des personnes ayant vécu le conflit
ont été contraintes de fuir de chez elles, au Libéria 90%, 61% au
Liban et 58% en RDC.



L'impact économique des conflits est aussi très sensible: le
revenu de 60% des Afghans a été affecté, ainsi que celui de 51% des
Libanais. Près d'un tiers des personnes interrogées déclarent avoir
été humiliées.



Le CICR s'est rendu compte également que la population compte
beaucoup sur la famille ou le clan pour trouver de l'aide.
«L'efficacité de l'aide dépend du caractère local de la réponse.
Par exemple, au Pakistan, 80% des déplacés ont été aidés par des
habitants de la région», a commenté Pierre Krähenbühl. Le CICR va
développer son travail avec les communautés locales.



ats/sbo

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La corruption, obstacle à l'aide humanitaire

La corruption est très souvent citée comme obstacle à l'aide humanitaire dans l'enquête menée par le CICR dans huit pays en conflit.

Les discriminations sociales, le marché noir et le manque d'accès physique sont d'autres barrières.

Sur les 4000 personnes interrogées dans huit pays par l'Institut Ipsos, 59% citent la corruption, 37% les discriminations, 38% le manque d'accès, 33% le marché noir. Ils sont 85% aux Philippines, 82% en Colombie, 81% au Libéria, 75% à Haïti à se plaindre de la corruption.

Le marché noir est surtout critiqué à Haïti (57%) et au Libéria (52%). Les discriminations et le statut social sont la première cause citée en République démocratique du Congo (RDC) par 51% des personnes interrogées.

La peur d'un rejet par sa communauté ou d'être «dans le mauvais camp» est évoquée par 29% et 46% des Colombiens, 15% et 32% des Philippins respectivement. D'autres obstacles à l'aide sont par exemple pour 48% des Libanais la dignité personnelle.

Pour le CICR, ce sondage démontre la nécessité de contrôler la distribution de l'aide sur place, d'avoir le contact direct avec tous les bénéficiaires et de ne pas multiplier les intermédiaires.