En octobre dernier, le chef de la banque centrale libyenne
Farhat Qadara avait déclaré que la Libye allait retirer tous ses
avoirs en Suisse pour les déposer dans d'autres banques
européennes, en représailles à l'arrestation l'été dernier à Genève
du fils de Mouammar Kadhafi.
Tripoli n'ayant jamais mis à exécution ses menaces d'embargo
pétrolier vers la Suisse, des doutes subsistaient sur l'application
réelle de ces mesures de rétorsion financières. Les dernières
statistiques de la Banque nationale suisse montrent toutefois que
les avoirs libyens dans les banques suisses ont passé l'an dernier
de 5,748 milliards de francs à 628 millions, soit une baisse de 89%
ou de 5,120 milliards.
Dans le même temps, les placements fiduciaires ont diminué de 54%,
passant 812 à 373 millions. La Libye a donc retiré au total 5,559
milliards de francs des coffres helvétiques.
Le DFAE relativise
Le Département fédéral des affaires étrangères indique ne pas
connaître en détail les sorties de capitaux libyens et ne pas en
avoir été informé officiellement, tout en laissant ouverte la
question de savoir si, et comment, la Suisse allait y réagir.
Le porte-parole du DFAE Lars Knuchel a minimisé l'importance de
cette information, en déclarant qu'"un retrait d'avoirs de
l'ampleur évoquée plus haut n'a guère de répercussions sur
l'économie suisse dans son ensemble".
Avant cette fuite de capitaux, les avoirs libyens représentaient
effectivement 0,3% seulement des fonds étrangers en Suisse recensés
par la BNS. Fin 2007, la Libye était pourtant le plus important
partenaire financier de la Suisse en Afrique. En l'espace d'un an,
elle a été dépassée par six autres Etats africains.
ap/boi
Bientôt un an de crise
La crise entre la Suisse et la Libye a éclaté après l'arrestation d'Hannibal Kadhafi et de son épouse Aline le 15 juillet dernier dans un hôtel de Genève.
La procédure pénale à l'encontre du couple a été classée en septembre 2008 suite au retrait des plaintes des deux domestiques qui les accusaient de maltraitance.
Tripoli exige toutefois des excuses officielles, ce que Berne refuse.
La Libye a en outre déposé fin avril dernier une plainte civile contre l'Etat de Genève.
Tous les efforts diplomatiques déployés jusqu'à présent par la Suisse sont restés vains, dont une visite de la ministre des affaires étrangères Micheline Calmy-Rey fin mai dernier à Tripoli.
Le DFAE tente à présent de mettre sur pied une rencontre au sommet entre le président de la Confédération Hans-Rudolf Merz et le leader libyen Mouammar Kadhafi.