Le punk n'est toujours pas mort. C'est ce que prouve une fois de
plus Gossip avec "Music for men". Le
groupe de Beth Ditto nous sert à nouveau une grosse louche de sa
musique bardée de soul, gospel, rock, funk, disco et punk.
Le trio de Portland ne lève pas le pied après "Standing In The Way
Of Control" et asseoit sa réputation: un peu rebelle et excellent.
Gossip se démarque grâce à Beth Ditto; voix inimitable, taille XXL
(qu'elle assume totalement, notamment en posant nue et aisselles
velues pour le magazine musical NME en 2007) et militante pour les
droits des homosexuels.
Gossip, ou le retour aux fondamentaux
Parfois comparée à des légendes telles Janis Joplin, Aretha
Franklin et Tina Turner, Beth Ditto est aussi un show permanent sur
scène. Les spectateurs du Montreux Jazz 2008 s'en souviennent. Mais
Gossip vaut aussi par sa musique. Et là, c'est le retour aux
fondamentaux avec une guitare maousse et une batterie, même si
Gossip a bien arrondi ses angles avec sa nouvelle livraison.
Du rythme, beaucoup de rythme donc, à écouter sur "Heavy Cross" ou
"2012". Ce qui n'empêche pas parfois l'apparition d'un clavier,
comme sur le disco-soul "Love long distance". Si on ajoute le très
FM compatible "Men in Love" (tiens, le disco n'est pas mort non
plus), Gossip devrait cartonner.
Black Eyed Peas: changement de son
Virage électro pour les Black Eyed Peas , 4 ans après leur
dernier concentré festif "Monkey Business". Le quatuor va sûrement
faire bouger les dance floors. Mais "The END" ne convainc pas. On
avait quitté le groupe en plein délire hip-hop et R&B avec des
titres aussi accrocheurs et drôles que "Pump it" ou "My
Humps".
Le temps de quelques virées solo ("The Dutchess" pour Fergie et
une participation au single "Beep" des Pussycat Dolls pour
Will.i.am) et le quatuor redistribue les cartes. Mais une chose
demeure: l'énergie, comme l'indique le titre de l'album ("Energy
Never Dies").
Peut-être un peu trop synthétique
"Boom Boom Pow", un morceau électro pressé et blindé de basses,
ouvre l'album et donne le ton. Coproduit par le DJ français David
Guetta, le titre a plusieurs petits frères ("Rock That Boy",
"Missing You"...).
Mais "The END" finit par tourner en rond, à quelques exceptions
près. Le pop et à moitié réussi "Now Generation", "Out Of My Head"
(vraie basse et cuivres), "Rockin To Beat" sortent du lot. Certes
les Black Eyed Peas assument leur rôle d'amuseurs (toujours bons
dans ce domaine) et ne se posent pas en "artistes". Mais on les
préférait plus charnels et moins synthétiques.
Chris Isaak: le crooner californien
Belle gueule et belles mélodies.
C'est ainsi qu'on pourrait résumer Chris Isaak . Un peu James Dean et Elvis Presley
(écouter "Baby baby"), il déroule ses ballades country-rock depuis
1986. Cette année, "Mr Lucky" amène une nouvelle preuve que l'on
peut durer en continuant à cultiver le son de Memphis des années 50
et à soigner une voix de crooner.
Ce nouvel opus accompagnera avantageusement une soirée estivale
romantique. Et c'est probablement un de ses buts (voir "Breaking
apart"). Chris Isaak, acteur à ses heures ("Twin Peaks", "Le
silence des agneaux"), c'est bonjour nostalgie.
Caryl Bussy
Les autres albums attendus
Wilco, "The Album" (29 juin)
Moby, "Wait for me" (29 juin)
Mos Def, "The ecstatic" (29 juin)
Cali, "Le bruit de ma vie" (29 juin)
Ycare, "Au Bord du monde" (29 juin)
Ebony Bones, "Bone Of My Bones" (6 juillet)
David Bowie, "Vh1 storytellers" (album live, 6 juillet)
Ashanti, "The vault" (6 juillet)
Whitney Houston, "The wait is over" (28 août)
Calvin Russel, "Dawg Eat Dawg" (fin août)
M. (Mathieu Chedid), "Mister Mystère" (7 septembre)
Renan Luce, "Le clan des miros" (12 octobre)
L'info musicale de la semaine
Le slammeur Grand Corps Malade a été fait chevalier dans l'Ordre national des Arts et des Lettres lors d'une cérémonie en petit comité tenue mardi soir au bar-club musical "Le Réservoir", la petite salle parisienne où il avait été découvert il y a quatre ans.
Grand Corps Malade, Fabien Marsaud de son véritable nom, a reçu ses insignes de mains du chroniqueur et écrivain Philippe Meyer, un fervent admirateur de "slam", que le journaliste soutient activement depuis de années.
"Maintenant que je suis chevalier, ceux qui ont des problèmes avec des dragons ou des trucs comme ça, vous pouvez m'appeler!", a blagué Grand Corps Malade après l'accolade.
"Je vais aussi pouvoir me la raconter et mettre une petite flamme verte sur mes sweats à capuche", a-t-il ironisé en référence à sa distinction.
Mais le slammeur a aussi vivement remercié sa mère, pour "s'être battue" et "avoir réussi à (lui) faire lire des livres 'chelou'" alors qu'il était enfant.
"C'est vrai que je ne suis pas trop fan de ces remises de distinctions remises sous les ors de la République, mais là j'ai été plutôt enclin à accepter, car cela veut dire que mes textes sont reconnus, que le 'slam' qui n'est pas un genre musical en soi, a cependant voix au chapitre comme mode d'expression, comme moment d'écoute et de partage entre les gens", a confié Grand Corps Malade à l'Associated Press.
L'artiste âgé de 31 ans, récompensé par deux Victoires de la musique, avait écoulé quelque 600'000 exemplaires de son premier opus, "Midi 20".
Il s'estime "un peu porte-parole" mais pas "porte-drapeau" du genre et se dit aussi fier que certains de ses textes aient été proposés au baccalauréat de français.
Il poursuit actuellement la tournée consécutive à la sortie de son deuxième album "Enfant de la ville" (AZ/Universal).