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La loi anti-téléchargement effraie les pirates suédois

La Chine est l'un des pays dénoncés par RSF en matière de censure.
La loi dite "Ipred" a entraîné une chute de plus de 30% du trafic internet.
Les internautes suédois ont mis la pédale douce au téléchargement illégal après l'adoption d'une législation plus stricte. Saluée par l'industrie du disque, du film et du jeu vidéo, elle est vivement critiquée par une opposition "pirate" en plein essor.

L'effet économique a été spectaculaire: les ventes de musique en
ligne au premier semestre 2009 ont bondi de 57% sur un an et celles
d'albums ont augmenté de 9% alors qu'elles n'avaient cessé de
baisser depuis 2001, selon la principale association de l'industrie
du disque (Ifpi).



La loi a aussi entraîné du jour au lendemain une chute de plus de
30% du trafic internet, une chute qui se maintient quatre mois plus
tard, d'après les chiffres de l'opérateur suédois Netnod. Or selon
le cabinet allemand Ipoque, le "peer to peer", majoritairement
illicite, représentait en 2007 entre 49% et 83% du trafic suivant
les régions du monde.

Poursuites possibles

Adoptée le 1er avril dernier, la controversée loi dite "Ipred",
est proche dans son principe de la "Hadopi" qui suscite un virulent
débat au Parlement français. Sa principale mesure est de
contraindre les fournisseurs d'accès à fournir les identifiants
personnels (adresses IP) d'ordinateurs suspectés de télécharger
illégalement, pour ouvrir la voie à des poursuites en dommages et
intérêts.



Aucune poursuite n'a encore été entamée contre un particulier,
mais les majors ont attaqué Ephone, un fournisseur d'accès qui
refusait de livrer des données. Ephone, condamné en première
instance, a fait appel.

Pirates effrayés

"Il est évident que les gens qui téléchargeaient ont eu peur et
ont recours à d'autres moyens, comme les sites d'écoutes en ligne"
type Spotify ou Deezer, relève un chercheur indépendant à
l'Institut royal de technologie (KTH), Daniel Johansson. "Des
artistes suédois populaires ont vu leurs téléchargements illégaux
chuter jusqu'à 80% sur des sites comme The Pirate Bay",
relève-t-il.



"C'est un exemple historique de législation efficace", se félicite
le porte-parole de l'Industrie suédoise du jeu vidéo, Per
Strömback. "Personne n'aurait pu prévoir une chute aussi brutale du
trafic illégal. Surtout, il y a eu aussi une forte hausse des
services légaux", souligne-t-il.



Des interrogations demeurent aussi sur l'efficacité de la loi dans
la durée. Plusieurs sociétés proposent de dissimuler les adresses
IP et les fournisseurs d'accès eux mêmes s'efforcent de limiter au
maximum les informations qu'ils doivent transmettre à la justice,
de peur de perdre des clients. "Je ne crois pas que la loi sera
efficace à long terme. Je pense que le trafic va remonter après
quelques mois", pronostique Christian Engström. "Les gens ont
besoin de temps pour trouver des solutions afin de se protéger,
mais une fois que ce sera fait, la loi sera inefficace",
dit-il.



agences/anl

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Opposition politique des pirates

En Suède, patrie d'un des plus populaires sites d'échanges de fichiers en ligne, The Pirate Bay, dont quatre responsables ont été condamnés à un an de prison ferme, l'adoption de la loi Ipred a contribué à l'émergence d'une opposition politique.

Lors des élections européennes de juin, le jeune parti des Pirates, qui réclame principalement la légalisation du téléchargemement, a recueilli un score inespéré de 7% des voix et décroché un siège au Parlement.

"Le gouvernement devrait cesser d'écouter les majors américaines au lieu des citoyens ordinaires.

Cette loi est profondément injuste et va conduire à la punition de bouc-émissaires, à qui on va demander des centaines de milliers de couronnes", dénonce à l'AFP le député européen "pirate", Christian Engström.