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Génocide arménien: Washington fâche Ankara

Résolution inacceptable pour le président turc Abdullah Gül
Résolution inacceptable pour le président turc Abdullah Gül
La Turquie a rappelé son ambassadeur à Washington jeudi après l'adoption par une commission du Congrès américain d'un texte qui reconnaît le génocide arménien sous l'Empire ottoman, selon une source diplomatique.

"Il est naturel que l'ambassadeur soit rappelé pour
consultations après qu'une telle décision eut été prise au
Congrès", a déclaré à l'AFP le porte-parole du ministère turc des
Affaires étrangères, Mahmut Bilman. "Mais il est plus difficile de
dire quand il retournera à Washington", a poursuivi Mahmut
Bilman.

L'agence de presse Anatolie a indiqué que l'ambassadeur Nabi
Sensoy avait été rappelé à Ankara pour des consultations sur le
processus qui pourrait débuter après le renvoi devant l'assemblée
plénière de la Chambre des représentants de ce texte voté en
commission mercredi par 27 voix contre 21.

Texte "inacceptable"

Le président turc Abdullah Gul a qualifié d'"inacceptable" le
texte américain, adopté en dépit des avertissements d'Ankara et de
ceux du président George W. Bush qui, inquiet d'éventuelles
représailles turques, avait mobilisé tout son gouvernement contre
l'emploi du terme de génocide arménien.



Dans un communiqué, le gouvernement turc a affirmé que promouvoir
le texte controversé "mettra en péril dans une période très
sensible un partenariat stratégique" entre Washington et Ankara.
Interrogé par des journalistes, le Premier ministre Recep Tayyip
Erdogan a assuré que son cabinet ferait tout son possible pour
empêcher l'adoption du texte par la Chambre des représentants.

Risques de représailles

Le pouvoir turc a également annoncé qu'il étudiait sa riposte si
ses efforts se révélaient insuffisants. "Nous allons continuer
notre action avant qu'il (le texte) arrive en plénière", a déclaré
Recep Tayyip Erdogan. "Après cela, il y des mesures que nous
pouvons prendre, mais le temps n'est pas venu d'en parler. Nous
sommes en train d'évaluer ces mesures", a-t-il ajouté.



La présidente démocrate de la Chambre des représentants Nancy
Pelosi a indiqué jeudi qu'elle avait bien l'intention de soumettre
le texte au vote de l'assemblée plénière. La Maison Blanche s'est
pour sa part déclarée "déçue" et a assuré par la voix de son
porte-parole Gordon Johndroe que le président George W. Bush allait
"réitérer son opposition" à ce texte qui risque d'envenimer les
relations turco-américaines à un moment délicat.



afp/fm/kot

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Un dialogue de sourds

La Turquie refuse d'entendre parler de génocide pour qualifier les massacres et déportations d'Arméniens entre 1915 et 1917 dans les dernières années de l'Empire ottoman, auquel a succédé en 1923 la République de Turquie.

Selon les Arméniens, le "génocide" a fait plus de 1,5 million de morts.

La Turquie reconnaît la réalité de massacres et la mort de 250.000 à 500.000 personnes, mais dit que les Turcs ont également été victimes par dizaines de milliers du chaos sévissant dans les dernières années de l'Empire ottoman.

Plusieurs gouvernements, Parlements, organisations et de nombreux Etats américains reconnaissent officiellement un génocide.

L'administration américaine, assurant qu'il ne s'agissait pas d'ignorer les "souffrances tragiques" endurées par les Arméniens, a souligné qu'il existait d'autres manières de régler ce litige majeur entre l'Arménie et la Turquie.

Les Etats-Unis craignent en particulier que la Turquie cesse de mettre à disposition la base aérienne d'Incirlik (sud), plaque tournante du transit américain vers l'Irak ou l'Afghanistan.

M. Gates a souligné la "forte dépendance" américaine envers la Turquie par où transitent 70% du ravitaillement aérien destiné à l'Irak, un tiers du carburant et 95% des engins blindés contre les explosifs, vitaux pour les soldats américains.