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USA: un général ne veut pas des homosexuels

Le général Peter Pace crée la polémique (à ses côtés: Robert Gates)
Le général Peter Pace crée la polémique (à ses côtés: Robert Gates)
Le plus haut gradé de l'armée américaine a soulevé mardi un tollé chez les homosexuels en déclarant qu'il soutenait une interdiction des gays dans l'armée, arguant que l'homosexualité était «immorale».

Interrogé sur la loi surnommée «On ne demande rien, on n'avoue
rien» (»don't ask, don't tell»), adoptée durant le mandat du
président Clinton et qui autorise les homosexuels à servir dans
l'armée à condition de ne pas révéler publiquement leur
homosexualité, Peter Pace a estimé dans le «Chicago Tribune» que le
Pentagone ne devrait pas «excuser» ces comportements immoraux,
selon l'article publié sur le site internet du journal.

«Incompatible»

«Je crois que les actes homosexuels entre deux personnes sont
immoraux et que l'on ne doit pas les pardonner. Je ne crois pas
qu'une politique où il est possible d'être immoral serve les
Etats-Unis de quelque façon que se soit», a t-il précisé.



Selon lui, les relations homosexuelles seraient aussi
répréhensibles qu'une liaison adultérine entre un membre des forces
armées et l'épouse d'un de ses collègues. Il a ensuite déclaré
qu'il « regrettait» ses propos, mais qu'il ne «s'excuserait
pas».



La loi «On ne demande rien, on n'avoue rien», adoptée en 1993
après d'âpres débats, autorise les homosexuels à servir dans
l'armée, mais à condition de taire leur orientation sexuelle. De la
même façon, elle interdit à la hiérarchie militaire d'interroger
une recrue sur sa vie sexuelle.



La controverse a immédiatement relancé le débat sur les règles de
recrutement dans l'armée alors qu'un projet de loi démocrate
propose de réformer la loi du silence actuelle pour permettre de
recruter des soldats ouvertement homosexuels.

Action en justice

Après plusieurs procédures judiciaires infructueuses, des
soldats et anciens soldats ont déposé de nouvelles plaintes
récemment, arguant non plus d'une discrimination mais d'une
atteinte à leur liberté d'expression. Un porte-parole du Pentagone
a refusé mardi de commenter «des vues personnelles». «Les opinions
personnelles ne sont pas ce qui est important aujourd'hui», a
affirmé Bryan Whitman, réaffirmant le soutien du Pentagone à la
règle «Don't ask, don't tell».



Interrogé par l'AFP, le porte-parole du SLDN, une association qui
lutte conte la discrimination dans l'armée, Steve Ralles, a rejeté
les déclarations du Pentagone selon lesquelles le général Pace se
serait exprimé à titre «personnel» et réclamé une condamnation de
ses propos par le ministre de la Défense, Robert Gates.



afp/sun

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«Commentaires irresponsables»

«Les commentaires de Pace sont irresponsables, offensants et sont une gifle à la figure des femmes et hommes homosexuels qui servent aujourd'hui notre pays avec honneur et courage», a déclaré Human Rights Campaign, une importante organisation de défense des droits des homosexuels.

«Ce qui est immoral, c'est d'affaiblir notre sécurité nationale à cause de préjugés personnels», a ajouté Joe Solomonese.

Alors que le recrutement s'essouffle, quelque 10'000 soldats ont été renvoyés de l'armée ces dernières années parce qu'ils étaient homosexuels, selon un audit du gouvernement réalisé en 2005.