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Minarets: E. Widmer-Schlumpf se veut apaisante

E.Widmer-Schlumpf relativise les dommages générés par la campagne anti-minarets.
E.Widmer-Schlumpf relativise les dommages générés par la campagne anti-minarets.
Les ministres des Affaires étrangères et de la Justice évaluent différemment les effets hors des frontières de la campagne de votation contre les minarets. Aux mises en garde de Micheline Calmy-Rey, Eveline Widmer-Schlumpf répond par la sérénité.

Ne constatant pas de détérioration de l'image de la Suisse dans
les pays musulmans, ni d'ailleurs de menaces particulières, la
ministre de justice et police voit un effet inverse.



"Grâce à nos ambassades, nous avons réussi à montrer partout que
la démocratie directe et la discussion ouverte faisaient partie des
acquis de la démocratie suisse", déclare Eveline Widmer-Schlumpf
dans une interview à Swissinfo.ch .

Respect du débat

La conseillère fédérale bourgeoise-démocrate "pense que ceci a
été compris à l'étranger. Et je pense aussi que l'on respecte le
fait qu'en Suisse, on puisse discuter de choses sur lesquelles il
n'y aurait même pas de débat à l'étranger", renchérit la
Grisonne.



Cette dernière constate également que la population musulmane de
Suisse ne se laisse pas provoquer par cette campagne en partie très
émotionnelle. Les musulmans de Suisse essaient en revanche de
montrer concrètement ce qu'est l'islam et ce qu'il n'est pas.

Musulmans choqués?

"Beaucoup de musulmans de Suisse sont concernés et en colère",
explique néanmoins Hisham Maizar, président de la Fédération
d'organisations islamiques de Suisse. L'initiative se résume à une
phrase (la construction de minarets est interdite), pourtant la
campagne suggère qu'avec la construction des minarets, on ouvre la
voie à la burqa et à la charia en Suisse, regrette-t-il.



Il est bien égal à la plupart des musulmans laïcs établis en
Suisse qu'une mosquée possède un minaret, précise Tamer Aboalenin,
correspondant d'Al-Jazeera en Suisse. Et Hisham Maizar de conclure:
"je ne crois pas que cette initiative va inciter des musulmans à se
radicaliser".



ats/os

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Micheline Calmy-Rey met en garde

La conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey met en garde contre les dommages pour la politique étrangère de la Suisse si l'initiative anti-minarets est acceptée en novembre prochain. Berne aurait par exemple de mauvaises cartes pour conserver son influence au sein de la Banque mondiale du FMI, selon elle.

"Heurter nos partenaires avec une interdiction des minarets n'est pas intelligent au moment où la réorganisation des groupes de droit de vote est négociée dans ces deux institutions", avertit la cheffe du Département fédéral des affaires étrangères dans une interview donnée samedi à l'"Aargauer Zeitung".

La Suisse mène actuellement le groupe de vote de l'"Helvétistan" au sein du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale avec des Etats d'Asie centrale.

Cet élément "nous permet de siéger au conseil exécutif du FMI et de la Banque mondiale. Rien que dans les pays de notre groupe vivent 50 millions de musulmans", déclare Mme Calmy-Rey.

La candidature de l'ancien conseiller fédéral Joseph Deiss à la présidence de l'Assemblée générale de l'ONU serait aussi mise en péril. "Ce poste serait une bonne opportunité de donner une présence internationale à la Suisse."

"Cinquante-sept pays musulmans siègent rien que dans l'Assemblée générale", rappelle la conseillère fédérale. Selon elle, les exportations suisses pourraient aussi être rendues plus difficiles. "Les pays musulmans font partie de nos clients", conclue-t-elle.

Recours contre l'interdiction d'affichage

Le comité d'initiative contre les minarets va recourir ou porter plainte contre l'interdiction d'affichage dans les villes ayant pris une telle décision. Il y envisage aussi une nouvelle affiche avec le mot «censure» et le slogan «oui quand même à l'interdiction des minarets».

Le conseiller national Walter Wobmann (UDC/SO) a confirmé dimanche l'information du «SonntagsBlick». Il n'a en revanche pas pu préciser quelle voie juridique le comité allait préférer: la plainte pour entrave à la liberté d'expression ou le recours contre l'interdiction d'affichage.

L'affiche a pour l'heure été interdite dans les villes de Bâle, Fribourg, Lausanne, Morges, Neuchâtel, Nyon et Yverdon.

Le canton du Jura ainsi que des villes comme La Chaux-de-Fonds, Bienne, Genève, Zurich ou Villars-sur-Glâne ont en revanche décidé formellement d'autoriser la pose de ces affiches contestées.