L'heure prévue pour la clôture officielle du sommet de
Copenhague a été dépassée sans perspective d'accord. Les chefs
d'Etat de la planète continuaient leurs négociations mais sans le
président russe Dmitri Medvedev et le président brésilien Lula qui
s'en sont allés, malgré l'appel de l'ONU aux délégations à ne pas
partir vendredi soir.
Les discussions se poursuivaient après 18h00 locales (17h00 GMT),
horaire initialement prévu pour la cérémonie de clôture, mais
l'incertitude restait totale et la tension palpable.
Discussions américano-chinoises
Lueur d'espoir, le président américain Barack Obama a entamé une
deuxième rencontre avec le premier ministre chinois Wen Jiabao sur
les sujets qui opposent les deux premières puissances mondiales
après douze jours de travaux: les garanties de vérification des
engagements, le financement de la lutte contre le réchauffement et
le niveau des émissions.
Le nouveau projet d'accord sur le climat à Copenhague ne mentionne
plus la date de 2010 pour obtenir un texte légalement contraignant,
a-t-on appris vendredi de source proche du dossier. En outre, il
stipule seulement que «la hausse des températures devra être
inférieure à 2 degrés». Initialement, la conférence internationale
de Copenhague était censée accoucher d'un nouveau traité permettant
à la planète d'avoir un nouveau dispositif de lutte contre le
réchauffement climatique, lorsque le protocole de Kyoto viendrait à
échéance en 2012.
Discours d'Obama
Nous n'avons plus
beaucoup de temps.
Barack
Obama
Le président américain Barack Obama,
arrivé dans la matinée, a appelé ses homologues de la planète à
conclure un accord, même s'il n'est "pas parfait", après avoir
participé à la réunion d'une trentaine de leaders pour peaufiner un
projet de déclaration politique qui pourra servir de "chapeau" à un
éventuel accord.
"Nous n'avons plus beaucoup de
temps", a prévenu Barack Obama en séance plénière. "A ce stade, la
question est de savoir si nous avançons ensemble ou si nous nous
déchirons, si nous préférons les postures à l'action", a-t-il lancé
aux plus de 120 chefs d'Etat présents.
"Je suis sûr que certains considèrent ça comme un cadre
imparfait", a-t-il ajouté après avoir décrit les conditions
possibles d'un accord discutées dans la matinée à Copenhague. "Mais
nous pouvons adopter cet accord, faire un pas significatif en avant
et continuer ensuite à l'améliorer en construisant sur cette base",
a-t-il continué.
Les négociations donnent lieu à "beaucoup de tensions", a reconnu
le président français Nicolas Sarkozy, qui a déjà réservé sa
chambre jusqu'à samedi.
Depuis dix jours, les pourparlers coincent sur la répartition des
efforts, tant financiers qu'en termes d'engagements sur les
réductions des émissions de gaz à effet de serre. Ce point oppose
notamment les Etats-Unis et la Chine.
Intenses tractations
Un entretien de près d'une heure en
début d'après-midi entre M. Obama et le Premier ministre chinois
Wen Jiabao a permis d'enregistrer des "progrès", selon un
responsable américain. Les deux leaders ont notamment discuté de
trois des sujets les plus brûlants qui bloquent un accord : les
garanties de vérification, le financement de la lutte contre le
réchauffement et le niveau des émissions.
Le Premier ministre indien Manmohan Singh a de son côté appelé à
prolonger les négociations en 2010 pour parvenir à "un accord
réellement global et une réponse authentiquement solidaire au
changement climatique".
Et le président russe Dmitri Medvedev a évoqué un chemin encore
"long et difficile". A l'inverse, le président brésilien Luiz
Inacio Lula da Silva est apparu désespéré après les premières
réunions, se déclarant prêt à "faire un sacrifice" pour aider
financièrement les pays les plus vulnérables et permettre un
accord.
Craintes d'un texte "mou"
Une proposition qu'il
n'avait encore jamais partagée "ni avec (son) peuple, ni avec (son)
parlement" et qui fait bouger les lignes de partage traditionnelles
entre pays industrialisés, responsables "historiques" du CO2
accumulé dans l'atmosphère, et pays en développement.
Pour Emmanuel Guérin, de l'Institut du développement durable et
des relations internationales (Iddri), le risque d'une "déclaration
politique molle" est réel.
"Wen Jiabao a fait une petite ouverture sur la question des
vérifications, Lula a fait preuve d'un volontarisme politique en
énorme sur le financement, Obama n'a pas bougé d'un iota et Singh a
fermé le bal en disant que cela se jouerait en 2010", résumait-il
vendredi après-midi.
agences/nr
Cible des 2 degrés pas atteinte
Les discussions tournent désormais autour du projet de déclaration politique qui pourra servir de "chapeau" à un éventuel accord et dont les versions amendées se succèdent.
Elle prévoit notamment de limiter le réchauffement planétaire à 2°C maximum par rapport aux niveaux pré-industriels et une aide financière immédiate de 30 milliards de dollars sur trois ans (2010-2012) et jusqu'à 100 milliards de dollars par an d'ici 2020, pour aider les pays en développement à faire face aux impacts du réchauffement.
Aucun objectif chiffré de réduction des émissions polluantes n'est consigné à ce stade. Mais l'addition des promesses faites à ce jour par les différents pays conduirait à une hausse de la température moyenne de la planète de 3 degrés, bien au-delà de l'objectif souhaité des 2 degrés, selon une note confidentielle des Nations unies dont l'AFP a obtenu une copie.
Greenpeace s'invite au dîner de la reine
Deux militants de Greenpeace en tenue de soirée ont réussi à pénétrer dans le hall du palais de Christiansborg alors que les chefs d'Etat participant au sommet climat de Copenhague arrivaient pour un dîner de gala organisé par la reine Margrethe II de Danemark.
Les militants ont brandi devant les photographes et les caméras de télévision des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : "Politicians talk- Leaders act" (les politiciens parlent - les leaders agissent).
Ils ont été rapidement arrêtés par les services de sécurité. Ils sont entrés au palais sans être contrôlés vers 20h15 (19h15 GMT), avec les premiers invités, moins d'une heure avant le début du dîner.
Ils n'ont jamais pénétré dans la salle du dîner. Leur convoi de trois véhicules était arrivé juste devant celui de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, selon un communiqué de Greenpeace.