Publié

Vol d'un symbole sur le camp d'Auschwitz

La tristement célèbre inscription avait rapidement été retrouvée.
La tristement célèbre inscription avait été forgée en 1942.
La célèbre inscription en allemand "Arbeit macht frei" (Le travail rend libre), figurant au-dessus de la porte d'entrée de l'ancien camp de la mort nazi d'Auschwitz-Birkenau situé au sud de la Pologne, a été volée par des inconnus dans la nuit de jeudi à vendredi.

"L'inscription a été volée tôt le matin", a déclaré à l'AFP
Jaroslaw Mensfelt, porte-parole du musée de ce camp installé par
l'occupant allemand sur le territoire polonais pendant la Seconde
Guerre mondiale. "C'est une profanation de l'endroit où plus d'un
million de personnes ont été assassinées. C'est honteux", a dit
Jaroslaw Mensfelt. "Il s'agit du premier cas aussi grave de vol en
ce lieu".



L'Allemagne nazie a exterminé de 1940 à 1945 à Auschwitz-Birkenau
environ 1,1 million de personnes, dont un million de juifs. Les
autres victimes de ce camp furent surtout des Polonais non-juifs,
des Roms et des prisonniers soviétiques.

Vives réactions

Plusieurs personnalités politiques polonaises ont réagi à ce
vol. "C'est impensable!", s'est exclamé le chef historique du
syndicat Solidarité et ancien président, Lech Walesa, sur la chaîne
TVN 24. "Mais je n'y verrais pas un acte idéologique. C'est une
affaire criminelle. Impossible de le comprendre autrement", a
ajouté le prix Nobel de la Paix.



"C'est horrible. J'espère que la police retrouvera rapidement
cette inscription et qu'elle n'aura pas été découpée en morceaux",
a déclaré à la radio publique le président du Sénat, Bogdan
Borusewicz. Un vice-ministre des Affaires étrangères, Andrzej
Kremer, cité par l'agence PAP, s'est dit "indigné" par le vol de ce
"symbole particulier de ce camp d'extermination".

L'acte d'un collectionneur?

"Toutes les pistes sont possibles mais
nous privilégions celle d'un vol sur commande d'un collectionneur
privé ou d'un groupe de gens", a déclaré à l'AFP Malgorzata
Jurecka, porte-parole de la police d'Auschwitz. Plusieurs dizaines
de policiers, accompagnés de chiens, étaient sur les lieux vendredi
et des barrages routiers de police ont été mis en place.



Le site d'Auschwitz-Birkenau est fermé la nuit et gardé par des
vigiles. La police visionnait vendredi les enregistrements des
caméras de surveillance du musée et de la ville. Les forces de
l'ordre ont promis une récompense de 5000 zlotys (1200 euros) à
toute personne dont les informations pourraient aider à retrouver
l'inscription et arrêter les coupables, a dit Malgorzata
Jurecka.

Facile à démonter

Le panneau en fer forgé, de 5 mètres de long, n'était pas
difficile à décrocher "mais il fallait le savoir", a observé le
porte-parole du musée. "Celui qui l'a fait, devait bien savoir ce
qu'il volait et comment il fallait s'y prendre", a-t-il
ajouté.



Sur 191 hectares, le site d'Auschwitz-Birkenau compte 155
bâtiments et plus de 300 ruines. L'année dernière, plus d'un
million de personnes ont visité l'ancien camp de la mort.



afp/os

Publié

Israël sous le choc

L'Etat hébreu a qualifié le vol d'"acte abominable qui relève de la profanation". "Ce geste témoigne une fois de plus de la haine et de la violence envers les juifs", a déclaré le vice-Premier ministre et ministre du Développement régional israélien, Sylvan Shalom.

Le mémorial israélien de la Shoah à Jérusalem, Yad Vashem, a fait part de son indignation. "Cet acte constitue une véritable déclaration de guerre, provenant d'éléments dont nous ne connaissons pas l'identité.

Je suppose qu'il s'agit de néo-nazis animés par la haine de l'étranger", a déclaré son président, Avner Shalev, dans un communiqué. "Je suis certain que le gouvernement polonais fera tout ce qui est possible pour retrouver ces criminels et les faire juger", a-t-il ajouté.

Symbole du cynisme nazi

"Avoir mis cette inscription à l'entrée d'un camp d'extermination où l'espoir de survie était réduit à néant, relevait d'un cynisme effrayant des nazis", a déclaré à l'AFP Pawel Sawicki, porte-parole du musée d'Auschwitz.

Le slogan lui-même, vulgarisé par le pasteur allemand Lorenz Diefenbach (mort en 1886) dans son livre intitulé "Arbeit macht frei", fut repris par les nazis dans les années 1930.

Utilisé d'abord à des fins de propagande pour lutter contre le chômage, il devint ensuite un mot d'ordre dans les camps de travail et d'extermination allemands. L'idée de placer l'inscription à l'entrée de ces camps de la mort est attribuée au général de la SS Theodor Eicke, un des responsables de la conception et de l'organisation du réseau des camps nazis.

L'inscription d'Auschwitz, le plus grand des camps de la mort nazis, a été fabriquée en juillet 1940 par un prisonnier polonais, le forgeron Jan Liwacz, sur l'ordre des responsables du camp. Marque originale, le B renversé dans le mot "Arbeit" représentait, selon une interprétation perpétuée par les survivants du camp, un symbole d'insoumission et de résistance à l'oppression nazie, a expliqué Pawel Sawicki.

Après la libération d'Auschwitz par l'Armée rouge, le 27 janvier 1945, l'inscription a été démontée par les soldats soviétiques et mise dans un train qui devait l'emporter à l'Est. Cependant, l'ancien prisonnier polonais Eugeniusz Nosal accompagné d'un paysan de la région, l'ont échangée contre une bouteille de vodka offerte à un gardien soviétique du train.

Cachée dans l'hôtel de ville d'Oswiecim (Auschwitz en polonais), l'inscription a retrouvé sa place originale à l'entrée de l'ancien camp au moment de la création en 1947 du musée sur ce site.