«C'est consternant», a lancé samedi la porte-parole du PDC,
Alexandra Perina-Werz. «Voilà le résultat quand les Etats-unis et
la Chine n'arrivent pas à se mettre d'accord», a-t-elle ajouté. Le
président des Verts suisses, Ueli Leuenberger, s'est quant à lui
dit «extrêmement déçu». «Il y avait énormément d'espoir», souligne
le Genevois et au final «pas du tout d'engagement sérieux».
Le parti socialiste partage le même désarroi et déplore dans un
communiqué «l'absence de déclaration finale contraignante». Le PS
note toutefois qu'un consensus s'est tout de même dégagé autour
d'une hausse maximale des températures de 2 degrés, ce qui lie
aussi notre pays.
S'en tenir aux 20%...
Le PLR regrette lui aussi le manque d'objectifs contraignants
sur les émissions et l'absence d'organisme de contrôle. Dans leur
communiqué, les libéraux-radicaux s'en tiennent aux objectifs du
Conseil fédéral pour la Suisse: -20% d'ici 2020 par rapport à 1990.
Ils soulignent que le problème du réchauffement climatique ne
pourra être résolu qu'au travers de la coopération
internationale.
L'UDC est encore plus explicite: la Suisse ne doit pas foncer
toute seule et mettre son économie en danger, explique le président
Toni Brunner. Et de souligner que les plus grands pollueurs comme
les Etats-Unis, la Chine et l'Inde n'ont pas rempli leur part du
travail.
Comme le
PLR, le PDC pense que la Suisse doit s'en tenir aux 20% annoncés
tant que l'Union européenne reste elle aussi à 20%. Même constat du
côté d'économiesuisse: l'objectif de 30% contenu dans l'Initiative
sur le climat est trop élevé.
...ou se montrer exemplaire
Le Parti socialiste ne partage pas cette analyse: pour la
Suisse, il s'agira de baisser d'au moins 30% d'ici 2020 les
émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990. Atteindre cet
objectif peut aussi contribuer à créer de l'emploi, selon le parti,
qui lancera début 2010 son initiative populaire «Des places de
travail grâce aux énergies renouvelables».
Les Verts sont plus ambitieux encore. Selon Ueli Leuenberger, «la
Suisse, qui est riche et possède les technologies nécessaires, doit
montrer l'exemple. Et de demander une réduction d'au moins 40% des
émissions de gaz à effet de serre d'ici 2020».
ats/os
Copenhague: l'analyse d'un expert du GIEC
Les engagements pris à l'occasion de la conférence ne sont pas suffisants, prévient le professeur Andreas Fischlin, de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich, membre du Groupe intergouvernemental d'experts sur le climat (GIEC).
«Les réductions des émissions de gaz à effet de serre annoncées ne permettront pas de respecter l'objectif de maintenir à moins de deux degrés la hausse des températures d'ici 2050. L'on peut tout juste espérer, selon les modèles, limiter l'augmentation à 3,5 degrés», affirme le spécialiste, interrogé par l'ATS.
Pour la première fois, des pays comme les Etats-Unis et la Chine se sont engagés à réduire leurs émissions de manière volontaire, relève le professeur. «C'est un pas en avant de signification historique, mais il faudra voir si ces engagements entrent dans les faits», fait-il remarquer.
Aucune date n'a été fixée pour un pic des émissions de CO2, et la mention d'une réduction de 50 à 80% d'ici 2050 présent dans un premier projet de document a été supprimée.
Aucun organe de contrôle indépendant des Etats n'a été institué, au nom du respect de la souveraineté nationale et du refus de l'ingérence des pays occidentaux, un refus exprimé avec vigueur par des pays comme la Chine et le Brésil.
Les Etats ont accepté de faire un rapport au secrétariat de la Convention sur le climat tous les deux ans, mais rien ne garantit l'impartialité de leurs communications.
Il manque aussi des détails cruciaux sur le financement de l'aide aux pays en développement à long terme et ses modalités. L'objectif des cent milliards de dollars par an pour aider ces pays à s'adapter et à réduire leurs émissions apparaît encore vague, comme les dix milliards promis pour les pays les plus vulnérables à plus court terme, faute de précisions.