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Copenhague: les réactions continuent de diverger

A Copenhague, on démonte le globe dans une ambiance amère.
A Copenhague, on démonte le globe dans une ambiance amère.
Au lendemain de la Conférence de Copenhague, la déception des organisations environnementales et des Etats menacés par le réchauffement climatique est aussi grande que les espoirs qu'ils y avaient placés. Le Grand soir du climat attendra encore au moins une année.

Cet accord revient à proposer "une poignée de petite monnaie
pour trahir notre peuple et notre avenir", a lancé, très remonté,
le délégué de Tuvalu. Cet archipel du Pacifique sud est directement
menacé par la montée des eaux liée au réchauffement de la
planète.

Un fiasco, selon les ONG

Présentes en nombre à Copenhague, les ONG ont également dénoncé
un fiasco. "Pas de contrainte, aucun objectif à 2020 ni à 2050:
difficile d'imaginer pire conclusion", a déploré Greenpeace.



"C'est un jour noir pour la Terre, comme pour la Suisse", selon le
WWF-Suisse. Le texte a également été rejeté par les délégués du
Venezuela, de la Bolivie, de Cuba ou du Nicaragua. Ils se sont
agacés de la façon dont les dirigeants des grands pays ont négocié
en petit comité.



L'Accord de Copenhague est en effet issu des discussions menées en
secret, en contradiction avec les règles multilatérales des Nations
unies, par une sorte de G-20 élargi -Etats-Unis, Europe et grands
pays émergents comme la Chine, l'Inde, le Brésil et l'Afrique du
Sud-, soit les principaux pays émetteurs de gaz à effet de
serre.

Les nations entre satisfaction et déception

Alors que les pays
asiatiques, dont la Chine, déclaraient dimanche être satisfaits de
l'accord qui jette les bases d'un consensus sur les réductions des
émissions de gaz à effet de serre, les Occidentaux adoptaient un
profil bas.



Barack Obama a salué un accord "significatif" et "sans précédent",
mais a reconnu que les progrès étaient "insuffisants". Nicolas
Sarkozy a estimé que l'accord n'était "pas parfait", mais que
c'était "le meilleur possible".



Le conseiller fédéral Moritz Leuenberger a de son côté parlé de
"succès". Même si un traité contraignant n'a pas été adopté, les
engagements pris représentent "un progrès" et "un espoir" dans la
lutte contre le changement climatique, a-t-il déclaré.

Un début pour le GIEC

Le patron du groupe de scientifiques sur le changement
climatique (GIEC), l'Indien Rajendra Pachauri, a estimé que
l'accord arraché à Copenhague était un début. Mais il a exhorté les
pays à sceller le plus vite possible un traité qui les engagera
légalement. La chancelière allemande Angela Merkel a proposé
d'organiser une conférence à Bonn dans six mois, pour faire le
point avant le prochain sommet, prévu dans un an à Mexico.



Samedi matin, après deux semaines de tractations et d'âpres
dernières heures de débats, la conférence a "pris note" de l'Accord
de Copenhague, adopté vendredi soir par les chefs d'Etat de 28 pays
industrialisés et émergents. Une formulation juridiquement et
politiquement moins engageante qu'une adoption formelle.

Retour sur un accord "a minima"

Pour la première fois, les deux plus grands pollueurs de la
planète, la Chine et les Etats-Unis, sont inclus dans l'accord. Ce
texte d'à peine trois pages fixe comme objectif de limiter le
réchauffement planétaire à deux degrés par rapport aux niveaux
préindustriels, sans décliner le mode d'emploi pour y parvenir. Il
ne reprend ni l'objectif global de réduction des émissions de CO2
de 50% d'ici 2050, rejeté par la Chine et l'Inde, ni l'idée d'une
Organisation mondiale de l'environnement. Ces deux points ont été
pourtant défendus jusqu'au bout par les Européens.



Cet accord a minima appelle les pays industrialisés et les pays en
développement à affirmer leurs engagements de réduction de gaz à
effet de serre par écrit d'ici à la fin janvier. Il prévoit des
mécanismes garantissant la transparence de leur mise en oeuvre,
mais aucun organisme de contrôle indépendant.



Il ne fixe pas non plus de date pour un "pic" au-delà duquel les
émissions commenceraient à décroître. Le texte prévoit également 30
milliards de dollars d'ici 2012, puis 100 milliards d'ici 2020,
destinés en priorité aux pays les plus vulnérables. Une aide
financière qui doit les aider à s'adapter aux impacts du
dérèglement climatique.



ats/mej

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Angela Merkel s'engage à dire du bien

La chancelière allemande Angela Merkel a estimé dimanche qu'il était contreproductif de ne dire que du mal de la conférence de Copenhague sur le climat. La presse danoise n'hésite pourtant pas à lâcher tout son fiel sur le sommet tenu en son pays.

"Celui qui ne dit que du mal de Copenhague s'associe à ceux qui freinent au lieu de faire avancer" la lutte contre le réchauffement climatique, a dit la responsable conservatrice au journal Bild am Sonntag.

"Copenhague est un premier pas vers un nouvel ordre climatique mondial, pas plus mais pas moins non plus", a ajouté la chancelière considérée comme un des dirigeants occidentaux les plus engagés et les plus influents dans la question climatique. Angela Merkel, qui a proposé d'accueillir une prochaine réunion sur le climat en juin à Bonn (ouest de l'Allemagne), pour préparer la prochaine conférence climatique de Mexico fin 2010, a appelé à "construire maintenant sur Copenhague". "C'est ce que va faire l'Allemagne au milieu de l'année prochaine à Bonn", a-t-elle affirmé.

Les propos d'Angela Merkel tempéreront peut-être les réactions généralement déçues de l'opinion. Il faut dire que jamais rendez-vous n'avait suscité autant de passion et d'enthousiasme. Autant Copenhague cristallisait tous les espoirs, autant la déception est immense.

Le sommet de Copenhague a constitué "une défaite catastrophique pour (ceux qui ont de) bonnes intentions pour sauver la planète," a écrit dimanche le quotidien danois Berlingske Tidende (conservateur). "Les dirigeants du monde n'étaient pas disposés, le moment venu, à conclure un accord, la volonté n'étant pas au rendez-vous, selon le journal. "Le plus chagrinant a été de constater qu'il n'y avait aucune aide à chercher du côté de l'ONU".

Son secrétaire général Ban Ki-moon était "plus intéressé, lors de la conférence de presse finale, à raconter combien il a peu dormi et mangé (...), que de prendre le leadership", écrit-il. "La plus chaotique des conférences doit donner aux Nations unies des raisons pour un grand examen de conscience" selon l'éditorialiste.

On s'en "souviendra" comme celle qui a montré combien la coopération internationale était déchirée. Pour le quotidien Politiken (centre-gauche), "le fiasco est global, non local" et ce "n'est pas la faute de notre Premier ministre (Lars Loekke Rasmussen) si le sommet du climat à Copenhague a été un fiasco".