"A la suite de la non-réponse de la Confédération, j'ai démarché
d'autres autorités", explique Hervé Falciani dans cet entretien au
Figaro , précisant juste qu'il
s'agit "d'autorités gouvernementales". Il réfute avoir "monnayé
quoi que ce soit", notamment au Liban où il s'est rendu en 2008:
"je pensais être en contact avec une autorité gouvernementale. Je
me suis rendu compte sur place que ce n'était pas le cas. On m'a
manipulé pour aller là-bas" (lire encadré).
"A mon retour, je me suis adressé directement à la police
judiciaire française", ajoute l'informaticien, qui a été arrêté
puis libéré en décembre 2008 par la police suisse, qui le
suspectait d'introduction frauduleuse dans un système
informatique.
"Faire évoluer le système"
Il revient sur son parcours professionnel et explique que son
"souci à la HSBC était de faire évoluer le système "dans le bon
sens". Arrivé à Genève après avoir travaillé à Monaco, "je me rends
compte qu'on s'éloigne, en fait, des standards de sécurité.
Une vieille garde s'oppose aux changements". "Mes propositions
n'étaient pas entendues. Je subissais des contraintes, des
pressions au sein de la banque", affirme-t-il, expliquant que
"c'est l'ampleur du phénomène" qui l'a décidé à "démarcher" des
autorités gouvernementales.
Selon Hervé Falciani, la France doit
garder son ordinateur. Paris doit préserver ses intérêts, qui sont
d'être en accord avec les engagements pris au plan international
sur l'encadrement de la finance et des paradis fiscaux,
estime-t-il.
Inversion des valeurs
"Sans mon ordinateur, il n'y a plus oeuvre de justice. Il est
entre les mains des autorités judiciaires françaises avec
lesquelles j'ai accepté de collaborer. Je veux la poursuite de
cette enquête et je veux que soient préservés les intérêts de la
France", dit Hervé Falciani.
En raison de cette affaire, la Suisse a suspendu la ratification
d'un accord de double imposition avec la France. Dimanche, le
ministre du Budget Eric Woerth a souhaité que le problème s'arrange
mais a souligné que le problème n'était pas l'affaire Falciani,
mais résidait dans le fait que la banque suisse permettait la
fraude. "Ce sont les fraudeurs qui doivent être mis en accusation
(...) L'inversion des valeurs est un truc absolument incroyable",
a-t-il dit.
agences/os
Le voyage au Liban d'Hervé Falciani
Selon Le Monde, dans son édition datée de samedi, Hervé Falciani, accompagné d'une informaticienne franco-libanaise qui travaillait avec lui, s'est rendu au Liban pour "démarcher d'éventuels clients en vendant des bases de données".
Selon Le Monde, il s'agissait pour le couple "d'obtenir de l'argent pour financer le divorce d'Hervé Falciani avec sa femme". Pour sa part, Le Figaro, qui parle d'un "épisode digne d'un film d'espionnage", précise que Hervé Falciani s'est rendu à Beyrouth en février 2009, sous un faux nom - ses cartes de visite étaient au nom de Ruben al-Chidiak - "pour un séjour qui ressemble à des vacances de couple amoureux".
Pendant une semaine de "vacances", ils sont allés voir "quatre banques dont une suisse au Liban". En fait, le couple cherchait "à vendre, pour un prix qui n'a pas été déterminé, la base de données" qui avait été constituée "par l'interception de fax et d'e-mails avec l'aide d'une tierce personne", précise Le Figaro.
"Les banquiers libanais semblaient intéressés", selon Le Monde, l'un deux ayant même confirmé que Hervé Falciani lui avait présenté "un document comportant des listings de numéros de comptes, de numéros de fax, d'adresses et de positions".
"A l'issue de ce périple libanais, aucune transaction financière n'est pourtant réalisée", assure Le Monde et "à l'issue de leurs vacances (...) les deux salariés reprennent leurs postes à la HSBC Privat Bank, comme si de rien n'était", précise Le Figaro.
Interrogée en décembre 2008, sa collègue l'aurait "lourdement chargé" selon Le Figaro. Ce serait à partir de cet échec au Liban que le couple aurait décidé de "tenter de le vendre à des services de renseignements", indique le quotidien.