Claude Béglé se dit persuadé qu'il y a un potentiel à
l'étranger, avec des profits qui pourraient atteindre 8 à 10%.
Selon lui, La Poste doit chercher de nouveaux relais de croissance
pour faire face à la réduction du volume des colis qui fragilise le
géant jaune depuis plusieurs années.
Le président n'a jamais songé à démissionner, a-t-il précisé au
journal de 19:30 de la TSR (voir vidéo ci-contre).
En accord avec le gouvernement
Le patron de La Poste, également interviewé dans la NZZ mardi, concède que les
critiques à son égard ont entravé son travail. Mais il affirme que
le conseil d'administration est "absolument" en mesure agir. "Deux
administrateurs sont partis volontairement mais sept sont encore
là. Le conseil fonctionne".
L'entretien est publié au lendemain des déclarations par
lesquelles son ministre de tutelle Moritz Leuenberger a pris
clairement sa défense (voir encadré ci-dessous).
Claude Béglé y souligne que, contrairement à ce qu'on lui a
reproché, le conseil d'administration a défini des lignes
stratégiques claires, en accord avec celles du gouvernement. Elles
donnent la priorité au service universel.
"C'est notre priorité, nous
ne voulons pas y renoncer pour nous concentrer seulement sur des
services rentables", souligne le patron de La Poste, précisant
encore: "notre objectif n'est pas un maximum de bénéfices, mais le
service universel". Cependant, La Poste a besoin d'autres sources
de croissance, et c'est un point important de la stratégie, déclare
son patron.
D'ici juin, la direction de l'entreprise doit plancher sur des
objectifs concrets, après quoi le conseil d'administration prendra
une décision sur la stratégie à long terme. La direction va
préparer un plan sur trois ans que le conseil d'administration doit
approuver en octobre.
Le "syndrome Swissair"
Selon Claude Béglé, l'émotion suscitée par les projets à
l'étranger est née du syndrome Swissair et Swisscom. Mais La Poste
n'a de son côté pas l'intention de reprendre des entreprises de
service public ni de prendre de gros risques. Le géant jaune entend
plutôt accompagner ses clients de manière ciblée à l'étranger, avec
des risques calculables.
"Nous ne voulons pas consentir des achats en milliards, mais au
contraire faire plusieurs petits deals", explique Claude Béglé. A
ses yeux, les revenus des affaires internationales peuvent
compenser le recul de 30% attendu d'ici 2015 dans le domaine du
courrier en Suisse.
Surpris par les critiques
Concernant les critiques qui se sont abattues sur lui, notamment
au sujet de la procédure de nomination, Claude Béglé s'est déclaré
surpris, dans une certaine mesure irrité, et déçu par certaines
personnes.
"Je ne me bats pas pour moi, je me bats pour mes idées", a-t-il
déclaré. Il regrette par exemple certaines incompréhensions ou
fausses citations lorsqu'il a fait des comparaisons entre La Poste
et Nestlé ou Google.
Leuenberger défend Claude Béglé
Le choix de Claude Béglé au conseil d'administration de La Poste
était "absolument correct", a indiqué lundi Moritz Leuenberger sur
Radio 24. Le conseiller fédéral s'est irrité de "la foire
d'empoigne" ourdie par les anciens président du conseil
d'administration de La Poste et supérieurs de Claude Béglé.
Claude Béglé a rempli les conditions en tant que président du
conseil d'administration et désormais l'on fait "comme si l'on
avait désigné par erreur quelqu'un avec la marque de Caïn", a
déclaré le conseiller fédéral lundi.
Répondant aux reproches de partialité vis-à-vis du choix des
commis chargés de passer au crible les trois départs soudains à la
tête de La Poste, Moritz Leuenberger s'est montré déçu que des
rumeurs et des mensonges avaient été considérés comme des raisons
d'accusation.
Moritz Leuenberger avait expliqué le choix de Hans Werder et Peter
Siegenthaler par le fait que le Conseil fédéral, associé aux
décisions stratégiques de La Poste, nomme les membres du conseil
d'administration et de son président sur mandat du DETEC et du
Département des finances.
agences/sbo