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Haïti: un premier bilan officiel évoque 50'000 morts

La presse continue de se pencher sur le drame qui se joue en Haïti.
A Port-au-Prince, 10% des habitations ont été complètement détruites et 50% gravement endommagées.
Plus de 50'000 personnes ont été tuées et 250'000 blessées en Haïti lors du séisme de mardi, a annoncé vendredi le ministre haïtien de la Santé publique Alex Larsen. Près d'1,5 million d'Haïtiens seraient sans abri. Dix mille soldats américains sont attendus sur place d'ici lundi pour apporter leur aide.

Le minsitre haïtien de la Santé a aussi indiqué que le siège du
gouvernement avait été transféré dans un commissariat de police non
loin de l'aéroport international. Il a également annoncé que tous
les centres sportifs de Port-au-Prince avaient été réquisitionnés
et seraient transformés en centres de santé pour soigner les
nombreux blessés.



Plus de 15'000 corps de victimes du séisme qui a ravagé mardi
Haïti ont été ramassés et ensevelis, a déclaré vendredi le Premier
ministre haïtien, Jean-Max Bellerive. "Les corps de plus de 15.000
personnes ont déjà été collectés et ensevelis", a déclaré le
Premier ministre à la presse après une rencontre avec le secrétaire
d'Etat français à la Coopération, Alain Joyandet.



Il a reconnu qu'il s'agissait là d'un bilan "extrêmement partiel".
"Nous nous sommes contentés simplement de ramasser des morts qui
étaient dans les artères" de la ville, a raconté M. Bellerive,
alors que des milliers de corps se trouvent encore sous les
décombres

Logistique américaine déployée

Plus tôt dans la journée, les
parachutistes de la 82e division aéroportée de l'armée américaine
ont commencé à sécuriser la piste de l'aéroport Toussaint
Louverture et à débarquer du matériel lourd, sous les yeux de
centaines d'Haïtiens et d'étrangers espérant quitter cet
enfer.



"Nous allons nous déployer dans la ville pour aider les Nations
unies et d'autres forces qui en ont besoin à fournir toute
l'assistance nécessaire", a dit à l'AFP le sergent Kelab Barrieau,
dans le vacarme des hélicoptères.

Les bérets noirs doivent continuer à arriver toute la journée,
jusqu'à ce que le détachement atteigne "la taille d'une brigade" de
plusieurs milliers d'hommes. D'ici lundi, 9000 à 10'000 GI's seront
sur place, a indiqué le chef d'état-major interarmées, Mike
Mullen.



Un porte-avions américain à propulsion nucléaire, le Carl Vinson,
est arrivé sur zone vendredi. Ce bâtiment, qui dispose d'un système
de purification d'eau, de dizaines de lits médicalisés et de trois
salles d'opération, doit servir de base flottante pour les
rotations d'hélicoptères, un élément essentiel pour soulager
l'aéroport.



Le président américain Barack Obama a parlé vendredi au téléphone
au président haïtien René Préval et l'a assuré du "plein soutien"
des Etats-Unis (lire encadré).

Un million et demi de sans-abri

Une trentaine de
pays participent aux opérations d'aide, selon le département d'Etat
américain, et l'ONU a annoncé qu'elle avait reçu 268,5 millions de
dollars de promesses de dons.



Le temps presse: un million et demi de personnes se retrouvent
sans toit dans la seule capitale, une ville de 2,8 millions
d'habitants où 10% des habitations ont été détruites. Quelque 3,5
millions de personnes, toujours selon l'ONU, vivaient dans la
région la plus meurtrie par le tremblement de terre, c'est-à-dire
Port-au-Prince et ses environs.



Mais les difficultés sur le terrain sont immenses. Le port est
complètement hors d'usage et les déplacements sont entravés par des
routes détruites ou bloquées par des amas de gravats. Les
défaillances des structures locales et la menace des pillages
s'ajoutent aux obstacles logistiques.

Pont aérien prévu

Le Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU, qui prévoit de
distribuer une aide d'urgence à 2 millions de sinistrés, a annoncé
que ses entrepôts à Port-au-Prince avaient été pillés. Les
Etats-Unis ont annoncé vendredi avoir obtenu l'accord des autorités
cubaines pour survoler leur espace aérien, ce qui devrait permettre
l'établissement d'un pont aérien accélérant l'arrivée des
secours.



Sur le terrain, plusieurs équipes de secouristes venues des
Etats-Unis, de France, de République Dominicaine ou du Venezuela
sont à pied d'oeuvre pour tenter de retrouver des survivants dans
les décombres. Dans les débris de l'hôtel Montana à Port-au-Prince,
des sauveteurs français ont secouru jeudi sept Américains et une
Haïtienne, tandis que des secouristes américains sauvaient une
Française.

Absence de coordination

Difficulté
supplémentaire, les sauveteurs risquent de devoir travailler en
l'absence de toute coordination de la part des autorités locales,
les principales infrastructures de l'Etat étant détruites. "Au
cours des dernières heures, 7000 personnes ont été enterrées", a
déclaré jeudi soir le Premier ministre péruvien Velasquez Quesquen
depuis l'aéroport de Port-au-Prince où il coordonnait l'aide de son
pays



Les cadavres continuent de joncher la ville. "Il y a tant de corps
dans les rues que les morgues sont pleines, les cimetières sont
pleins", a témoigné le chanteur américano-haïtien Wyclef Jean, venu
prêter main-forte à ses compatriotes.

L'ancien président Jean-Bertrand Aristide, en exil en Afrique du
Sud après avoir dominé la vie politique haïtienne pendant près de
15 ans, s'est dit prêt à rentrer dans son pays. Vendredi, la
France, qui a dit craindre la disparition de 20 à 30 de ses
ressortissants, a demandé l'annulation du restant de la dette
d'Haïti au Club de Paris, qui regroupe les principaux créanciers
publics.



afp/os

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Obama: «Haïti devant des jours difficiles»

Le président américain Barack Obama a prévenu vendredi que Haïti connaîtrait encore «des jours difficiles» malgré l'afflux de l'aide humanitaire. Il s'exprimait lors de sa troisième intervention solennelle en trois jours sur la crise née du séisme de mardi.

«Il y a tant de gens qui ont besoin d'aide. Le port (de la capitale Port-au-Prince) continue à être fermé et les routes sont endommagées. La nourriture est rare, tout comme l'eau», a poursuivi le président.

Barack Obama, qui a donné dès mercredi le signal d'une mobilisation massive des moyens américains en direction d'Haïti, a également annoncé qu'il allait recevoir samedi à la Maison Blanche ses prédécesseurs Bill Clinton et George W. Bush, chargés de la coordination de l'aide américaine vers le pays.

Vendredi matin, Barack Obama a parlé au téléphone avec le président haïtien René Préval pour l'assurer du «plein soutien» des Etats-Unis, à court et à long terme, pour surmonter les conséquences du séisme de magnitude 7 qui pourrait avoir fait des dizaines de milliers de victimes.

Les Etats-Unis se sont engagés à débloquer une aide immédiate de 100 millions de dollars.

Cinq mille Casques bleus supplémentaires

L'ONU va redéployer vers Port-au-Prince 5.000 Casques bleus, militaires et policiers, actuellement répartis en Haïti hors de la capitale, a annoncé vendredi sa représentation au Mexique.

L'ONU va ordonner "le repli des 5'000 hommes qui ne sont pas à Port-au-Prince pour y renforcer leurs camarades", a déclaré le coordinateur du Système de l'ONU au Mexique, Magdy Martinez, lors d'une conférence de presse à Mexico.

Les Casques bleus étaient affectés jusqu'ici dans diverses régions du pays, mais actuellement "la capitale est la principale source de préoccupation en matière d'ordre public", a-t-il expliqué.

L'aide au développement prévue par l'ONU pour Haïti va être "reconvertie dans sa très grande majorité en plan de reconstruction accélérée" pour remettre sur pied écoles, hôpitaux, voies de communication et infrastructures de télécommunications, a ajouté le diplomate.

L'ONU compte environ 12'000 représentants en Haïti, entre Casques bleus et personnel civil, selon Magdy Martinez.