En milieu de journée samedi, des affrontements violents ont
opposé dans une rue commerçante du centre un millier de personnes
qui se disputaient des marchandises volées dans des magasins et des
maisons. Malgré l'arrivée progressive des secours, certains ont
décide de fuir la ville donnant lieu à de véritables scènes
d'exode.
Les difficultés de coordination
de l'aide humanitaire en provenance du monde entier ont suscité des
critiques sur l'organisation des secours et du ravitaillement des
sinistrés du séisme. D'importants problèmes de sécurité se posent
également en raison des pillages auxquels se livrent des
malfaiteurs mais aussi la population affamée, a-t-on constaté sur
place.
Face à l'ampleur de la catastrophe, les Etats-Unis continuent de
jouer un rôle de coordinateur et ont promis leur soutien à Haïti.
Le président américain Barack Obama a réuni à la Maison blanche ses deux
anciens prédécesseurs, Bill Clinton et George Bush, et les a
chargés de lever de fonds.
La secrétaire d'Etat Hillary Clinton a elle effectué une brève
visite d'une journée à Port-au-Prince afin d'assurer les Haïtiens
du soutien des Etats-Unis. La chef de la diplomatie s'est
entretenue avec le président René Préval et lui a confirmé la
détermination de Washington à aider à la reconstruction
d'Haïti.
Mauvaise coordination de l'aide
Bien que l'aide internationale continue d'arriver à
Port-au-Prince, son acheminement jusqu'à ceux qui en ont besoin
demeure un problème.
"La distribution est totalement désorganisée. Ils ne parviennent
pas à identifier les personnes qui ont besoin d'eau. Les malades et
les personnes âgées n'ont aucune chance", estime un habitant de
Port-au-Prince.
Des personnes gagnées par le désespoir ont confectionné des
banderoles sur lesquelles sont inscrits à la peinture les mots,
"nous avons besoin d'aide pour les victimes, nous avons besoin
d'aide et de nourriture".
Les recherches continuent
Au milieu de ce désordre, les
recherches se poursuivent. "Les 72 premières heures sont décisives.
Après ça, les chances de retrouver des survivants sont très
minces", note toutefois un secouriste espagnole. Les sauveteurs
redoutent surtout la chaleur qui accélère la déshydratation des
personnes coincées ou des survivants.
Réunion lundi du Conseil de sécurité
Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunira lundi sur une initiative du Mexique pour étudier la situation.
L'ampleur du désastre causé par le séisme «rend nécessaire une présence internationale accrue, sous la coordination des Nations Unies», a annoncé le ministère mexicain des Affaires extérieures.
Vendredi, l'ONU avait lancé un appel d'urgence à tous ses membres pour lever 562 millions de dollars, dont près de la moitié serait utilisée pour l'achat de denrées alimentaires.
"Nous n'avons jamais été confrontés à un tel désastre de mémoire d'ONU. Il n'est pareil à aucun autre", a estimé une porte-parole de l'organisation. C'est pire encore que le tsunami de 2004 car le séisme a décapité les structures locales d'appui à l'aide internationale.
En outre, les Nations Unies ont confirmé que le chef de la mission pour la stabilisation en Haïti (Minustah), le Tunisien Hedi Annabi, a été tué ainsi que deux de ses adjoints. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, qui devait se rendre sur place dimanche pour évaluer les besoins et l'étendue des dégâts, leur a rendu hommage samedi à New York.
Une importante réplique
Port-au-Prince, la capitale dévastée d'Haïti, a été secoué samedi matin par un séisme d'une magnitude de 4,5 degrés, réplique du tremblement de terre qui a détruit mardi dernier une grande partie de la ville, a annoncé l'institut géologique américain (USGS).
L'hypocentre du séisme était situé à une profondeur de 10 km à quelque 25 kilomètres de la capitale, selon un communiqué de l'institut.
Plus de trente répliques ont secoué Port-au-Prince depuis le séisme de mardi d'une magnitude de 7, semant la panique parmi les survivants entassés dans les rues de la capitale haïtienne.