En pleine crise, "des mesures d'accompagnement doivent empêcher
que les nouvelles embauches soient faites à des conditions moins
bonnes qu'avant", a relevé jeudi à Berne Paul Rechsteiner,
président de l'USS. Auquel cas la main-d'oeuvre indigène serait
évincée par rapport aux immigrés, selon le conseiller national
(PS/SG).
L'USS demande dès lors "plus de punch" et une plus forte
régulation du marché de l'emploi, sans remettre en cause la libre
circulation. Elle réclame des conventions collectives de travail
(CCT) avec salaires minimaux dans l'industrie et la santé, de même
que dans les branches de la sécurité et du nettoyage.
Dans ces secteurs couverts par CCT ne fixant pas de rémunérations
minimales, on constate une tendance à la baisse des salaires versés
aux nouveaux immigrés, souligne Paul Rechsteiner. Effet de la libre
circulation des personnes, cette évolution "est inquiétante et met
en danger le but visé, à savoir la protection des salaires
suisses", a-t-il ajouté.
Durcir les contrôles
Problème, même les CCT pourvues de salaires minimaux
obligatoires sont régulièrement violées, observe l'USS. Sans
contrôle, les entrepreneurs délèguent le travail à des
sous-traitants, qui pratiquent des salaires inférieurs aux
dispositions conventionnelles, selon l'organisation faîtière des
syndicats.
Pour remédier à cette situation, l'USS exige notamment une base
légale permettant une application rigoureuse des amendes. Unia
souhaite de plus un durcissement des contrôles du travail
pseudo-indépendant, indique son coprésident Renzo Ambrosetti.
Dans le travail temporaire également, un renforcement des
contrôles est nécessaire. En plus des salaires, il s'agit de
protéger les conditions de travail, précise Daniel Lampart,
économiste en chef de l'USS. Ces dernières sont particulièrement
péjorées dans le domaine de la santé, que les Suisses abandonnent
rapidement.
Soutenir les régions frontalières
Au lieu de leur offrir un encadrement satisfaisant, les
employeurs recrutent à l'étranger, déplore Daniel Lampart. C'est
pourquoi il faut limiter le travail sur appel et offrir des
facilités à même de concilier famille et profession, d'après
lui.
A l'intention des régions frontalières, l'USS exige des
dispositions spéciales, car elles subissent de fortes pressions
salariales. La Confédération devrait leur verser au total un
demi-million de francs par an pour reprendre le dessus, estime
Renzo Ambrosetti.
Le PLR, qui tenait conférence de presse sur le même sujet au début
de la semaine, ne voit de son côté pas de raison spécifique
d'intervenir. L'élargissement et la prolongation de l'accord sur la
libre circulation est une "pierre angulaire du succès" helvétique
et demeure "la voie royale".
ats/sbo
L'exemple genevois
Selon une étude d'Unia Genève, les différences salariales dans le secteur de la chimie dans ce canton entre le personnel suisse et frontalier se sont accentuées, de 10,7% à 16,2% entre 2000 et 2008.
Au cours de la même période, les salaires médians ont eux stagné. La part des frontaliers dans cette branche a quasiment doublé pour grimper à 34,3%. A l'inverse, celle des Suisses a fléchi de 57,7% à 46,6%.
Il est donc clair, selon l'USS, que les entreprises de la chimie genevoise réduisent le niveau des salaires en faisant appel à du personnel provenant des régions limitrophes plutôt que de la Suisse. D'où l'importance d'un salaire minimum légal, comme filet de sécurité.