"Nous ne pouvons pas débattre pendant encore un an là-dessus", a
affirmé Obama, en concluant un "sommet" de près de sept heures
avec une quarantaine de parlementaires démocrates et républicains,
qu'il avait invités pour cet événement sans précédent sous sa
présidence.
Mais la réunion semble avoir échoué dans son but de parvenir à une
percée. Le président américain a dit avoir noté au cours de la
discussion des points de convergence avec l'opposition, notamment
sur des aspects de la réforme comme la lutte contre les erreurs
médicales, le marché de l'assurance et le coût de l'assurance
maladie.
Positions antagonistes
Mais il a aussi reconnu l'existence de positions
"philosophiques" très éloignées entre les deux camps. Il a aussi
semblé indiquer qu'il était prêt à recourir à l'arme d'une tactique
législative controversée, dite de "réconciliation", qui permettrait
l'adoption d'une réforme de l'assurance maladie en passant outre la
minorité de blocage dont disposent les républicains au Sénat.
"Y a-t-il suffisamment d'efforts pour que dans un mois, dans
quelques semaines, dans six semaines, nous puissions effectivement
parvenir à quelque chose?", a demandé Barack Obama à ses opposants.
"Si nous ne le pouvons pas, alors je pense qu'il nous faudra aller
de l'avant et prendre certaines décisions, et c'est à cela que
servent les élections", a-t-il ajouté, après avoir estimé que "la
plupart des Américains pensent qu'un vote à la majorité (simple)
est cohérent".
Dialogue de sourds
"Franchement, j'ai été découragé par le résultat" de cette
réunion, a déclaré aux journalistes le chef de la minorité au
Sénat, Mitch McConnell, en émergeant de Blair House, résidence
proche de la Maison-Blanche où s'est tenu ce "sommet".
"Je pense qu'il
est assez évident que la majorité, dont le président, veulent
continuer sur le même projet de loi", a-t-il dit, doutant que ce
texte recueille ne serait-ce qu'"un seul soutien
républicain".
Un autre sénateur républicain, Jon Kyl, s'est plaint que "le
président n'ait pas écouté, même s'il nous avait invité pour
entendre nos idées". Il a estimé que "cela ne va pas être possible,
avec ce type d'approche, de parvenir à un accord dans le temps
imparti".
Face aux critiques sur l'opacité des précédentes négociations au
Congrès et vu le succès enregistré par Obama en termes de relations
publiques, lors d'un débat avec des élus républicains le 29
janvier, la présidence avait souhaité que le sommet soit retransmis
à la télévision. Mais en inaugurant l'événement, Obama avait dit
espérer que ce sommet ne constituerait pas un "spectacle
politique".
ats/bkel
Négociations houleuses
Négociée pendant des mois entre démocrates à la Chambre des représentants et au Sénat, la réforme de l'assurance maladie promise par Obama pendant sa campagne de 2007-2008 a connu un coup d'arrêt brutal lorsque les républicains ont remporté une élection sénatoriale partielle le 19 janvier.
Ils ont ainsi privé les démocrates de leur "super-majorité" de 60 sièges sur 100 qui permet de passer outre à une obstruction de l'opposition. Barack Obama avait divulgué lundi sa propre version du projet visant à couvrir "31 millions" d'Américains supplémentaires.
Jeudi, au cours d'un débat dont jamais Obama n'a perdu la maîtrise, les républicains ont persisté dans leur demande de l'abandon du texte des démocrates et réclamé une réforme graduelle.