"Nous avons commencé à enrichir de l'uranium à 20%, sur une
cascade de centrifugeuses à part, dans l'usine de Natanz (centre)",
a déclaré à l'agence Isna le chef de l'Organisation iranienne de
l'énergie atomique, Ali Akbar Salehi. Il a précisé que cette
cascade de 164 centrifugeuses, "plus à l'échelle d'un laboratoire"
que d'une usine, produirait "3 à 5 kilos d'uranium enrichi à 20%
par mois pour le réacteur de recherche de Téhéran, ce qui est le
double de nos besoins".
La décision de lancer le processus a été notifiée lundi à
l'Agence international de l'énergie atomique (AIEA) dont une équipe
d'inspecteurs était présente à Natanz. L'AIEA à Vienne a dit qu'il
était trop tôt pour pouvoir fournir des détails sur les éléments
observés par ses inspecteurs. Téhéran affirme avoir lancé cette
procédure en raison du blocage des discussions avec les Six
(Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne, Allemagne) sur
la fourniture à l'Iran du combustible pour son réacteur de
recherche médicale.
Manifs anti-européennes
Soumis à trois trains de sanctions de l'ONU, l'Iran a rejeté une
proposition des Six sur l'envoi, en une seule livraison, de la plus
grande partie de son stock d'uranium faiblement enrichi en Russie
et en France pour y être transformé en combustible. Téhéran exige
de son côté un échange simultané et par petites quantités
successives. Alors que l'uranium faiblement enrichi (entre 3 et
5%), déjà produit par l'Iran, est utilisé comme combustible dans
les centrales nucléaires, le minerai doit être enrichi à 90% pour
permettre de fabriquer une arme atomique.
Parallèlement, quelques dizaines de manifestants
pro-gouvernementaux ont protesté devant les ambassades d'Allemagne,
de France et d'Italie à Téhéran contre l'attitude de l'Europe
envers l'Iran, selon des sources diplomatiques européennes. Aucun
incident n'a été signalé, à l'exception d'une pierre lancée contre
l'ambassade d'Italie. A Rome, le chef de la diplomatie Franco
Frattini a cependant affirmé qu'une centaine de bassidjis, des
miliciens en civil, avaient participé à une manifestation "hostile"
à l'Italie.
afp/dk
Tollé international
Le président américain Barack Obama a estimé que la communauté internationale faisait des progrès "assez rapides" vers l'imposition de nouvelles sanctions contre l'Iran.
La France a dit que le temps "était à l'adoption de sanctions fortes", alors qu'Israël, ennemi juré de l'Iran, a exhorté la communauté internationale à imposer à ce pays des "sanctions paralysantes".
L'Union européenne (UE) a réitéré la menace de prendre "les mesures nécessaires" le cas échéant.
Même la Russie, considérée comme un allié de l'Iran, a estimé que la décision iranienne soulevait des "doutes" sur ses ambitions nucléaires.
En revanche, la Chine, dotée d'un droit de veto au conseil de sécurité de l'ONU, a plaidé pour la recherche d'un "consensus".