"De facto, ils ont refusé d'étudier les preuves", a lancé le
chef du gouvernement, qui voulait que la justice examine les
originaux de documents de certaines commissions électorales et
entende une quinzaine de témoins.
"Il est évident que ceci (...) n'est pas la justice. J'ai été
confrontée au même problème auquel font face d'autres citoyens de
notre pays, celui de l'impossibilité de défendre ses droits au
tribunal", a-t-elle déclaré avant de quitter la Cour administrative
suprême par une porte de service pour échapper à la foule réunie
devant le bâtiment.
Abandon de la contestation?
La justice ukrainienne a accepté quelques heures plus tard le
retrait du recours du Premier ministre. "La Cour a décidé" de
"satisfaire à la requête" de Ioulia Timochenko et de "ne pas
examiner" son recours demandant l'annulation des résultats du
second tour de la présidentielle, a déclaré le magistrat, Olexandre
Netchytaïlo, avant de clore le procès. Une cinquantaine de juges
planchaient depuis vendredi sur le recours.
Ioulia Timochenko a aussi indiqué aux journalistes qu'elle ne
comptait pas entamer de poursuites devant la Cour suprême. "Cela
n'est pas prévu par la loi", a-t-elle dit, laissant entendre
qu'elle renonçait à contester la victoire de son adversaire.
Un haut responsable du bloc Timochenko, Andri Kojemiakine, a par
ailleurs déclaré à l'AFP que d'autres recours en justice étaient
improbables : "je pense qu'il n'y en aura pas". "C'est inutile de
transformer cela en un show et de multiplier les refus des juges",
a-t-il ajouté.
Eviter l'humiliation
Le camp de Viktor Ianoukovitch, qui a déposé vendredi au
Parlement un projet de motion de censure contre le chef du
gouvernement, a estimé que Ioulia Timochenko avait voulu éviter
l'humiliation d'une décision défavorable.
"L'état émotionnel de Timochenko ne lui permet pas de reconnaître
(directement) se défaite. Mais elle l'a fait de façon originale
pour ne pas avoir à attendre ce que dira le tribunal", a commenté
le vice-président du Parlement Olexandre Lavrinovitch, qui
représente Viktor Ianoukovitch au tribunal.
Le Premier ministre, à qui il a manqué près de 900'000 voix pour
être élu, refuse de reconnaître sa défaite, arguant de fraudes
massives, bien que les observateurs internationaux aient jugé le
scrutin libre et transparent.
afp/os
La revanche de Viktor Ianoukovitch
Si elle renonce aux poursuites, rien n'empêchera plus Viktor Ianoukovitch de devenir le quatrième président ukrainien depuis l'indépendance du pays en 1991. L'opposant dont l'investiture est programmée pour jeudi succédera ainsi au pro-occidental Viktor Iouchtchenko, qui cinq ans plus tôt l'avait privé de la magistrature suprême.
La "victoire" électorale de Viktor Ianoukovitch avait alors été annulée pour fraudes sous la pression d'un soulèvement populaire pacifique et pro-occidental, baptisé la Révolution orange, qui porta au pouvoir M. Iouchtchenko. Ce dernier, qui entretient de très mauvais rapports avec les deux finalistes de la présidentielle, a néanmoins téléphoné Viktor Ianoukovitch pour le féliciter de sa "victoire légitime", a annoncé samedi la présidence.