La patience est une qualité indispensable chez un marin. L'adage
s'est encore vérifié à Valence (Espagne) où les conditions de mer
n'ont pas permis aux organisateurs de la 33e Coupe de l'America de
lancer la première manche. Prochain essai vendredi.
Déjà reporté de lundi à mercredi en raison d'un manque de vent, le
duel initial entre Alinghi et BMW Oracle a donc une nouvelle fois
connu un faux départ. Retardée de trois heures dans un premier
temps, la compétition n'a finalement pas pu être lancée, la faute
aux trop grosses vagues zébrant le plan d'eau valencian.
Murray Jones, le stratège de l'équipage suisse, a fait état de
creux pouvant atteindre 1m80. "Je pense que les organisateurs
ont fait le bon choix en ne nous envoyant pas batailler au
large", a encore déclaré le Néo-Zélandais.
"C'est dommage parce que je pense qu'on aurait pu laisser les
bateaux partir ce matin", a dit l'Australien James Spithill,
barreur du trimaran d'Oracle, "USA".
"C'est facile pour moi de dire ça, Harold Bennett, le
directeur de course est celui qui doit prendre la décision et je
sais qu'il fait de son mieux pour qu'on ait la meilleure course
possible", a néanmoins ajouté Spithill.
"Le vent était correct sur la zone et le problème venait
vraiment de l'état de la mer", a souligné le Néo-Zélandais
Harold Bennett, rapportant des vents de 17-18 noeuds et des vagues
de 2 mètres.
Mais les regrets de Spithill à propos de la course avortée ont
évidemment relancé le débat concernant l'indépendance du comité de
course de la SNG (Société nautique de Genève), club de voile dont
dépend Alinghi.
C'est l'une des particularités de la Coupe de l'America, il
appartient au "defender", le tenant du trophée, d'organiser
l'épreuve. Mais cela doit se faire dans le respect du fair-play. Or
Oracle s'est déjà plaint du fait qu'Alinghi voulait imposer une
limite de vent (15 noeuds) alors que ce n'est un secret pour
personne que son catamaran est plus performant par petit temps.
Problèmes météos attendus
La première manche devrait donc se dérouler vendredi, si les
conditions météorologiques le permettent. Les spécialistes
prévoient une chute de la température qui pourrait avoisinner zéro
degré. Il est donc envisageable que la plus ancienne des
compétitions sportives ne connaisse son premier duel que dimanche.
Les aléas climatiques en février à Valence commencent à perturber
sérieusement le duel au meilleur des trois manches opposant le
maxicatamaran d'Alinghi au trimaran géant d'Oracle.
Valence est pourtant un bon site pour la voile, avec une brise
marine garantie presque toute l'année. Le problème c'est que
"Garbi", vent de sud-est de 10 à 15 noeuds, idéal pour la régate,
ne se manifeste généralement qu'entre avril et octobre. Le duel en
multicoques en février à Valence a été imposé par la justice
américaine, s'appuyant sur le "Deed of Gift", document qui régit
l'épreuve, et en raison de nombreux désaccords entre le suisse
Alinghi, détenteur du trophée depuis 2003, et l'américain Oracle,
désireux de ramener l'aiguière en argent aux Etats-Unis.
agences/tai
Déclarations d'Alinghi et Oracle
Murray Jones (membre de la cellule arrière d'Alinghi): Les vagues étaient le plus gros problème. Je pense qu'elles étaient d'environ 1,3 mètre sur la ligne de départ. Cela veut dire que vous pouvez ensuite avoir un pic à 1,8 mètre (sur le parcours) et c'est le plus gros problème. Je pense qu'ils (le comité de course, ndlr) ont pris la bonne décision de ne pas nous envoyer là-bas.
James Spithill (barreur d'Oracle): C'est dommage parce que je pense qu'on aurait pu laisser les bateaux partir ce matin. C'est facile pour moi de dire ça, Harold (Bennett, le directeur de course) est celui qui doit prendre la décision et je sais qu'il fait de son mieux pour qu'on ait la meilleure course possible. C'est toujours la même vieille histoire de marins. On doit faire avec le temps. Pour vendredi, ça a l'air bien. Normalement on peut bien prévoir le temps 24 heures avant. Nous devons encore attendre car ça peut très vite changer".