Benoît XVI a dénoncé "l'échec des autorités de l'Eglise
irlandaise pendant des années pour agir avec efficacité face à ces
cas d'abus sexuels sur des jeunes par des membres du clergé
irlandais et des religieux". Il a invité les évêques à prendre "des
mesures concrètes pour panser les plaies de ceux qui ont été abusés
(...) et restaurer la crédibilité spirituelle et morale de
l'Eglise".
"C'est un pas sur une voie qui continue, il devrait y en avoir
d'autres", a déclaré le père Federico Lombardi, porte-parole du
pape, en présentant le document à la presse. Selon lui, la prise de
"décisions concrètes" n'était "pas à l'agenda de la rencontre",
destinée au "dialogue".
Offense à Dieu
Le pape est "intervenu plusieurs fois durant les rencontres de
façon amicale", a ajouté le père Lombardi, rappelant que Benoît XVI
a été "profondément bouleversé" par cette affaire. Le pape a de
nouveau qualifié les faits de "crime ignoble", une expression qu'il
avait déjà employée le 11 décembre après avoir reçu le primat de
l'Eglise d'Irlande, le cardinal Sean Brady, à la suite de la
publication d'un rapport selon lequel les responsables de
l'archevêché de Dublin, le plus important d'Irlande, ont couvert
les abus sexuels commis par des prêtres de la région sur des
centaines d'enfants pendant plusieurs décennies.
C'est aussi un "péché grave qui offense
Dieu et blesse la dignité des personnes humaines créées à son
image", a-t-il ajouté mardi. Relevant que "la pénible situation
actuelle ne sera pas résolue rapidement", il a invité la hiérarchie
catholique à "se pencher sur les problèmes du passé avec
détermination et affronter la crise actuelle avec honnêteté et
courage". Le pape a indiqué qu'il rendrait publique, pendant la
prochaine période du Carême, une lettre pastorale aux catholiques
d'Irlande, dont le projet a été débattu au cours des
rencontres.
Déception à prévoir
Alors qu'un nouveau scandale de pédophilie vient d'éclater en
Allemagne dans des collèges jésuites, l'absence de mesures
concrètes risque de décevoir les victimes. "Le peuple irlandais et
les victimes sont en droit d'attendre des actions fermes de la part
du pape, que le pape mette face à leurs responsabilités ceux qui
ont commis ces crimes et ceux qui les ont couverts", avait déclaré
dans la matinée à l'AFP John Kelly, fondateur de l'association
Irish Survivors of Child Abuse group.
Dans une lettre ouverte adressée au pape, l'association a réclamé
la réunion d'une cour pour "obtenir la vérité" et sanctionner les
prêtres impliqués. Quatre évêques ont remis leur démission après la
publication du rapport. Elle n'est pour l'instant effective que
pour l'un d'entre eux, Mgr Donald Murray, ancien évêque de Limerick
et évêque auxiliaire de Dublin de 1982 à 1996. Le plus grand groupe
de victimes américaines, le Survivors network of those abused by
priests, avait pour sa part dès lundi durement critiqué les
rencontres, parlant d'"une manoeuvre soigneusement organisée de
relations publiques".
afp/ther
Convocation exceptionnelle
Fait très exceptionnel, le pape avait convoqué l'ensemble des évêques d'Irlande qu'ils a reçus très longuement en trois séances lundi et mardi.
Selon le communiqué du Vatican, la rencontre s'est déroulée dans "une atmosphère franche et ouverte". Après une brève introduction du pape, les évêques ont évoqué la "douleur, la colère, le sentiment de trahison et de scandale, la honte exprimés à maintes occasions par ceux qui ont été abusés" ainsi que par les prêtres.
Benoît XVI a dénoncé "l'échec des autorités de l'Eglise irlandaise pendant des années pour agir avec efficacité face à ces cas d'abus sexuels sur des jeunes par des membres du clergé irlandais et des religieux".
Selon le texte, "bien qu'il n'y ait pas de doute que des erreurs de jugement et des omissions se trouvent au coeur de la crise, des mesures significatives ont été prises pour assurer la sécurité des enfants et des jeunes".