Sorties ciné: le "Ghost-Writer" de Polanski
Roman Polanski fait l'événement cette semaine avec la sortie de son dernier film "Ghost-Writer", une réalistion saluée par la critique et qui colle à l'actualité. "Shutter Island" du grand Martin Scorsese ainsi que "Nine" et son casting époustouflant sont ainsi quelque peu relégués dans l'ombre.
Le prisonnier de Gstaad refait parler de lui. Mais cette fois,
le nom de Roman Polanski n'est associé qu'au cinéma avec la sortie
de "Ghost-Writer" . Couronné du prix
du meilleur réalisateur pour cette adaptation du roman "L'homme de
l'ombre" de Robert Harris, le cinéaste franco-polonais a réglé les
derniers détails techniques de son film depuis sa résidence
surveillée.
Côté casting, Roman Polanski a réuni Ewan McGregor, Pierce
Brosnan, Kim Cattrall (Samantha de "Sex and the city"), Olivia
Williams ("Sixième sens") et Eli Wallach ("Le bon, la brute et le
truand", "Au nom d'Anna") notamment.
Dans "The Ghost-Writer" un modeste
écrivain (McGregor) accepte de devenir le nègre littéraire d'un
ex-Premier ministre britannique, Adam Lang (Brosnan), pour rédiger
ses mémoires. Ce jeune écrivain doit remplacer l'ancien "nègre"
retrouvé noyé dans des circonstances peu claires. Logé dans la
résidence de Lang sur une île isolée, le "fantôme" va peu à peu
faire des découvertes très troublantes.
Le film est aussi fait de résonances avec l'actualité. Le
personnage de Lang, ex-Premier ministre poursuivi pour son action
lors de la guerre en Irak, n'est pas sans rappeler Tony Blair.
Corollaire de sa mise en accusation, son exil forcé renvoie
inévitablement à Roman Polanski.
Un Polanski froid et tranchant
Des jeux de dupes, de l'absurdité, de l'humour tantôt noir
tantôt britannique: le dernier voire l'ultime film de Roman
Polanski constitue autant une grinçante satire politique qu'un bon
thriller reposant sur les épaules d'un très convaincant Ewan
McGregor.
L'histoire d'un passé trouble qui resurgit n'est certes pas
nouvelle (n'est-ce pas, Roman?). Mais son traitement hitchcockien
par un Polanski sobre, froid et efficace permet de magnifier
l'excellente scène finale. Olivia Williams, qui incarne la femme de
Lang, joue un "second rôle" parfait. Idem pour l'inquiétant Tom
Wilkinson.
"Shutter Island": une histoire de fous
Martin Scorsese s'est lancé
dans une histoire de fous et envoie Leonardo DiCaprio et Mark
Ruffalo enquêter sur "Shutter Island" . Les deux policiers sont appelés sur
l'île-prison qui abrite un asile pour criminels dangereux après
qu'une des patientes a inexplicablement disparu de sa
cellule.
L'enquête va se heurter à bien des mystères et l'inspecteur
Daniels (DiCaprio) devra faire face à l'hostilité du
psychiatre-chef (Ben Kingsley) et à ses propres démons.
Bon à savoir, "Shutter Island" est tiré d'un roman de Dennis
Lehane, dont les livres ont déjà débouché sur "Mystic River" et
"Gone, Baby, Gone".
Un Scorsese bien poisseux
Le film démarre par un écran blanc, d'où émerge un bateau.
D'entrée, le ton est donné. Le style, c'est à peu près le seul
ajout de Scorsese au remarquable roman de D.Lehane. Tirant parfois
vers le cliché, Scorsese joue avec la lumière, avec l'eau qui
ruisselle, avec les séquences oniriques en flash-back.
L'exercice de style pourrait être gratuit s'il ne donnait pas de
l'épaisseur au mystère, amplifiant l'atmosphère poisseuse, rendue
électrique par une musique qui sait taper sur les nerfs. Fidèle au
roman, Scorsese se permet une fin plus énigmatique. Dommage que,
parfois, il en fasse un poil trop.
Une pluie de stars pour "Nine"
Daniel Day-Lewis, Marion Cotillard,
Penélope Cruz, Judi Dench, Kate Hudson, Nicole Kidman et Sophia
Loren: Rob Marshall s'est offert un casting de stars pour sa
nouvelle comédie musicale "Nine" .
Cet hommage à Federico Fellini évoque les tourments d'un
réalisateur italien en mal d'inspiration et qui ne sait pas
résister aux charmes féminins. Après "Chicago", Rob Marshall
réalise une nouvelle comédie musicale en adaptant le spectacle
"Nine", un grand succès de Broadway dans lequel un homme est
entouré de 24 femmes. Ce spectacle avait lui-même été inspiré par
"Huit et demi" (1963) de Federico Fellini.
Rob Marshall, qui a été d'abord danseur et chorégraphe, a fait
appel à deux scénaristes, dont Anthony Minghella, le réalisateur du
"Talentueux Mr Ripley" et du "Patient anglais", décédé pendant le
tournage.
Penélope Cruz très remarquée
Les principales interprètes chantent à un moment du film, et
certaines montrent également leurs talents de danseuse, comme
Penélope Cruz, très sexy dans un brillant numéro (elle est
d'ailleurs nommée dans la catégorie meilleure actrice dans un
second rôle pour les prochains Oscars), mais aussi Kate Hudson. A
relever que Nicole Kidman avait déjà joué dans ce genre de film
avec le "Moulin Rouge" de Baz Luhrmann.
Caryl Bussy et Thierry Herman
Publié
L'agenda cinéma
Les sorties du 3 mars
"Shutter Island", de Martin Scorsese. Avec Leonardo DiCaprio, Ben Kingsley, Mark Ruffalo, Michelle Williams.
"The Ghost-Writer", de Roman Polanski. Avec Pierce Brosnan, Ewan McGregor.
"Nine", de Rob Marshall. Avec Judi Dunch, Nicole Kidman, Penelope Cruz, Marion Cottillard, Kate Hudson, Fergie, Sophia Loren.
"Le coursier", de Hervé Renoh. Avec Michaël Youn, Géraldine Nakache.
"Verso", de Xavier Ruiz. Avec Carlos Léal, Laurent Lucas, Chloé Coulloud.
Les sorties du 10 mars
"La rafle", de Roselyne Bosch. Avec Mélanie Laurent, Jean Reno, Gad Elmaleh.
"Les chèvres du Pentagone", de Grant Heslov. Avec George Clooney, Ewan McGregor, Jeff Bridges, Kevin Spacey.
"Thérapie de couples", de Peter Billingsley. Avec Vince Vaughn, Jason Bateman, Kristin Davis.
"Chicas", de Yasmina Reza. Avec André Dussollier, Emmanuelle Seigner, Carmen Maura.
"Mesures exceptionnelles", de Tom Vaughan. Avec Brendan Fraser, Harrison Ford, Keri Russell.
"Precious", de Lee Daniels. Avec Gabourey Sidibe, Mo'Nique, Paula Patton.
L'info ciné de la semaine
Le 7e art helvétique a rendez-vous avec le tapis rouge et les paillettes pour la remise des "Quartz 2010", les prix du cinéma suisse, samedi soir à Lucerne.
Pour la deuxième année consécutive, ces "Oscars" helvétiques s'invitent sur le petit écran, dans les trois langues nationales. Les téléspectateurs romands se verront gratifier d'une "Nuit du cinéma suisse".
Outre les moments forts du gala, en direct, la TSR diffusera la comédie romantique "Marcello, Marcello" du Valaisan Denis Rabaglia.
Neuf Quartz seront décernés samedi soir à Lucerne. Le conseiller fédéral Didier Burkhalter remettra le prix le plus convoité, celui de la meilleure fiction.
Nominé cinq fois, "Giulias Verschwinden" ("La Disparition de Giulia") de Christoph Schaub, avec Bruno Ganz, est en lice pour les Quartz de la fiction, du meilleur scénario, de la meilleure interprétation féminine et masculine, et de la meilleure musique de film.
Il ne fait pourtant pas figure de grand favori. "Coeur animal", le premier long métrage de la Vaudoise Séverine Cornamusaz, pourrait lui brûler la politesse pour le Quartz du meilleur film suisse 2010, ont estimé des experts lors des Journées de Soleure en janvier.
Les nominations ont été établies par une commission de l'Office fédéral de la culture composée de membres de l'Académie du cinéma suisse. Les Prix du cinéma suisse existent depuis 1998. Jusqu'à l'an dernier, ils étaient attribués en janvier lors des Journées de Soleure, le festival annuel du cinéma suisse.