C'est la raison pour laquelle une série d'études a été commandée, dont les résultats doivent tomber d'ici la fin de l'année ou, au plus tard, d'ici la mi-2007.
Les quatre études de "cas fictifs" présentées jeudi à Berne font
partie d'un premier lot sur les formes que peuvent prendre les
péages en Suisse. Elles reposent néanmoins sur des lieux bien
réels: le tunnel du Gothard, l'autoroute Augst-Bâle,
l'agglomération zurichoise et le réseau suisse dans son
ensemble.
Taxe de passage et péage de congestion
Pour le tunnel du Gothard, l'étude a voulu établir comment
percevoir une taxe de passage sur les voitures de tourisme. La
circulation y varie fortement: elle fluctue en effet de 3.400 à
15.500 véhicules par jour et par direction. Cette caractéristique
ne permet d'envisager qu'une seule solution: la cohabitation d'un
péage électronique et d'un péage manuel par caisses automatiques.
Il en coûterait des frais d'investissement de 18 millions de francs
et d'exploitation de 8 millions par année environ.
Le tronçon à trois voies Augst-Bâle de l'autoroute A2 a été choisi
parce qu'il est l'un des plus fréquentés de Suisse avec 60.000
véhicules par jour et par direction. La situation se prête donc à
la mise en place d'un "péage de congestion": on crée une voie
supplémentaire réservée aux seuls véhicules ayant payé un droit
d'utilisation. Comparé à une situation de paralysie totale du
trafic, la voie de congestion augmente de 10% le débit du tronçon
concerné. Les recettes brutes seraient de 5 à 10 millions de francs
par année et, après déduction des charges, de 2 à 6 millions.
Montants considérables
Dans l'agglomération zurichoise, trois solutions ont été
retenues par les experts fédéraux: la zone urbaine unique (selon le
modèle londonien), le secteur complet (une zone urbaine et deux
zones périphériques) et un péage complexe de région (englobant la
zone urbaine et plusieurs zones de l'agglomération, ainsi que
l'autoroute de contournement). Selon les variantes, les recettes
brutes atteindraient des montants "considérables" de 150 à 500
millions de francs.
Le quatrième cas consiste à introduire en Suisse une taxe
kilométrique généralisée pour les voitures de tourisme. Ce système
pourrait remplacer l'actuelle vignette sur les autoroutes et
l'impôt sur les huiles minérales. Cette taxe kilométrique pose
cependant des problèmes d'exécution à cause de l'obligation
d'équiper les véhicules. Par contre, elle pourrait être à géométrie
variable en fonction de l'heure et du tronçon concerné et
permettrait donc d'influencer directement le comportement des
automobilistes.
Agences/dsz
Réactions divergentes
De son côté, la Fédération routière suisse (FRS) émet "les plus grandes réserves" quant à de tels projets: "l'introduction d'un péage routier de type road pricing par l'Etat est une mesure dirigiste et antisociale et constitue de surcroit un nouvel impôt", a-t-elle dénoncé dans un communiqué. "En fin de compte, l'objectif d'une telle mesure est d'inciter les gens à renoncer à se déplacer." En outre, il est inadmissible que seuls les gens aisés puissent s'offrir le luxe de rouler en ville. La FRS pourrait toutefois accepter un type de péage s'il venait à apporter un avantage concret aux automobilistes, par exemple le droit d'utiliser des voies supplémentaires.
"Grâce à des modèles intelligents de road pricing, Londres et Stockholm ont pu réduire massivement le trafic et les bouchons, améliorant ainsi nettement la qualité de vie dans les centres", a relevé, pour sa part, le parti socialiste suisse (PS). "Ces modèles sont aussi applicables en Suisse, confirme l'étude de l'OFROU: ils permettront aux villes et aux agglomérations de résoudre durablement leurs problèmes spécifiques de trafic", a-t-il ajouté, avant de demander la mise sur pied rapide de projets pilotes de péages routiers.