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Lucerne: 17 ans requis contre "l'ange de la mort"

L'accusé à son arrivée au tribunal lors du premier procès, il y a un an.
L'accusé à son arrivée au tribunal lors du premier procès, il y a un an.
Le procès en appel de «l'infirmier de la mort» jeudi à Lucerne est apparu comme une répétition du premier procès. Un an plus tard, les discours tenus de part et d'autre ont été les mêmes.

Suivant le jugement de première instance, le procureur a requis la perpétuité.

En jeans et pullover, d'apparence calme, l'accusé a tenté jeudi
d'expliquer ses actes devant le Tribunal cantonal de Lucerne et une
centaine de spectateurs. Entre 1995 et 2001, cet ancien infirmier
suisse a étouffé ou empoisonné 24 femmes et quatre hommes dans des
homes médicalisés des cantons de Lucerne, d'Obwald et de
Schwytz.

«Je souhaiterais chaque jour pouvoir remettre les pendules à
zéro. J'ai honte de mes actes et je les regrette», a dit l'accusé,
aujourd'hui âgé de 37 ans. Comme lors du procès en première
instance, il a fait valoir le surmenage professionnel et la
compassion pour ses victimes.



C'est moins l'état de santé de ses victimes que leur «qualité de
vie» qui le décidait à les tuer. Il avait surtout pitié de celles
qui ne recevaient presque plus de visites ou souffraient de
l'absence du conjoint disparu.

Pas dénué de scrupules

Après avoir tué, l'infirmier «étouffait ses doutes pour rétablir
la normalité». Il souffrait souvent de migraines. «Je vivais deux
personnalités à la fois», a-t-il expliqué.



Son client n'a pas agi comme un assassin, a dit l'avocat à la
défense. Il n'a pas fait preuve d'une absence particulière de
scrupules ou de mépris pour la vie d'autrui, et n'a pas non plus
fait souffrir ses victimes. Au contraire, il voulait abréger leurs
souffrances. L'avocat à la défense a plaidé l'homicide volontaire
dans 22 cas et laissé le tribunal fixer la peine.

"Mettre fin à ses propres souffrances"

Comme il y a un an devant le Tribunal criminel de Lucerne, le
procureur a contesté le motif de la compassion. «L'accusé voulait
surtout mettre un terme à ses propres souffrances», a-t-il affirmé.
«Car il ne supportait pas de voir souffrir ses victimes». Dans
certains cas, il s'est même «débarrassé» de patients difficiles et
agressifs.



Pour le procureur, l'accusé a commis des «crimes extrêmement
graves» qui s'apparentent à des assassinats. La peine maximale
prononcée par la première instance est à ses yeux
«compréhensible».



ATS/dsz

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Détenu depuis plus de 4 ans

Le Tribunal criminel avait conclu à 22 assassinats, trois tentatives d'assassinat accomplies et deux tentatives inachevées.

L'année dernière, le procureur avait encore requis 17 ans de prison pour 19 homicides volontaires et cinq assassinats seulement.

Ses victimes avaient entre 66 et 95 ans. Nombre d'entre elles souffraient de démence sénile.

L'accusé purge sa peine par anticipation au pénitencier de Lenzburg (AG), où il travaille comme vernisseur de meubles.

Pendant les quatre ans et demi qu'il y a passé et grâce à la thérapie qu'il suit, il a «développé une autre relation à la vie», a-t-il indiqué jeudi.

Le jugement de la cour d'appel est attendu d'ici deux semaines.