Benedikt Weibel a motivé sa décision par sa longue présence aux commandes des CFF et par la limite d'âge de 60 ans qu'il atteindra cet automne.
En tant que sportif, il sait aussi que l'on doit arrêter à un
moment où l'on est encore en pleine possession de ses forces,
a-t-il dit. «Dès 2004 et chaque fois que les CFF ont rencontré un
problème, dont les pannes de l'an passé, les médias m'ont posé la
question de mon départ. Toute l'année écoulée m'a amené à
réfléchir. La décision n'a pas été facile à prendre, mais elle
n'est pas liée à des éléments extérieurs», a assuré M. Weibel.
"Aucune période facile"
«En treize ans et deux mois à la tête des CFF, aucune période
n'a été facile», a-t-il ajouté. Les CFF ont profité des incidents
pour apprendre et en tirer les leçons. «En un an, le système a
gagné en stabilité, mais il reste complexe», selon le
directeur.
Les dix prochains mois vont être «intenses». Benedikt Weibel
compte atteindre des objectifs personnels, dont la signature de la
nouvelle convention collective de travail (CCT) de l'ex-régie
fédérale et celle du nouveau contrat de prestations entre les CFF
et la Confédération, a-t-il précisé sur les ondes de «La Première»
de la Radio Suisse Romande.
Quant à son avenir, M. Weibel n'a pas encore eu le temps d'y
penser: «Mais je ne vais pas cultiver des roses». Au vu de sa
grande expérience dans le secteur ferroviaire, il n'exclut pas de
faire quelque chose au niveau international ou dans le domaine de
la formation, a-t-il indiqué à la RSR.
Réformes réussies
De son côté, le conseil d'administration regrette vivement le
départ de M. Weibel mais respecte sa décision basée sur des motifs
personnels, a indiqué son président, Thierry Lalive d'Epinay. Il
relève les prestations considérables de M. Weibel et le remercie
pour les services extraordinaires rendus aux CFF et à l'ensemble de
la branche ferroviaire.
M. Weibel a réussi à mettre en oeuvre plusieurs réformes, dont
Rail 2000, et à les faire passer auprès de la population et du
monde politique, a relevé M. Lalive d'Epinay.
Trouver un successeur
Le nom du futur directeur ou de la future directrice des CFF
n'est pas encore connu. Le conseil d'administration s'est assuré
les services d'une entreprise externe pour la procédure de
succession. Cette manière de procéder permettra de trouver la
personne la plus compétente, estime M. Lalive d'Epinay. «Ce sera
vraisemblablement un Suisse».
A la question de savoir si le conseil d'administration fera jouer
le marché pour obtenir les services d'un manager hautement
qualifié, M. Lalive d'Epinay a indiqué que la personnalité du
candidat primera. «Une personne qui n'est motivée que par le
salaire n'a pas le bon profil pour diriger les CFF. Nous
recherchons quelqu'un qui a une vision à long terme pour
l'entreprise.»
Le coup de la panne
Au cours de son règne, Benedikt Weibel a notamment connu la
journée la plus noire de l'ex-régie, à savoir la panne générale de
tout le réseau ferroviaire suisse le 22 juin 2005.
Les principaux problèmes auxquels il a dû se frotter, outre la
fameuse panne, ont été les discussions autour de son salaire, les
problèmes dans la mise en œuvre de Rail 2000 et les
restructurations de la régie.
Agences/nr
28 ANS AU SERVICE DU RAIL
Benedikt Weibel, économiste d'entreprise, travaille depuis 28 ans
aux Chemins de fer fédéraux suisses, où il est entré en 1978 en
tant que secrétaire du président de la direction générale. En 1983,
il a été nommé secrétaire général de l'entreprise et il a repris en
1986 la direction du marketing du trafic voyageurs.
Le Conseil fédéral l'a nommé début 1993 à la présidence de la
direction générale. Depuis la transformation des CFF en société
anonyme de droit spécial en 1999, Benedikt Weibel dirige la SA CFF
en tant que président de la direction d'entreprise.
Né à Soleure en 1946, Benedikt Weibel est marié et père de trois
garçons. Il est membre du Parti socialiste.
Une pluie d'éloges
La plupart des partis rendent hommage à l'engagement de Benedikt Weibel et à ses compétences. Ils attendent un successeur de la même veine.
L'idéal serait de le cloner, a même plaisanté Moritz Leuenberger. Les CFF sont devenus un exemple en Europe grâce à lui. Il a réussi à en faire une entreprise à la fois concurrentielle et sociale et a très bien communiqué aussi bien avec les syndicats qu'avec le monde politique, a poursuivi le président de la Confédération.
Moritz Leuenberger a admis penser à plusieurs noms pour lui succéder, mais il n'en a dévoilé aucun. Pour Moritz Leuenberger, le candidat idéal devrait être suisse, car il doit connaître les rouages de la machine politique helvétique.
Le Parti radical insiste aussi sur l'importance pour le futur directeur de parfaitement maîtriser les ficelles de la gestion d'une grande entreprise, a indiqué à l'ATS son porte-parole Christian Weber. Comme le PDC et le PS, les radicaux sont indifférents à l'appartenance partisane du successeur du socialiste.
Seule l'UDC marque sa différence en critiquant l'hégémonie socialiste à la tête de l'ex-régie. Elle ne s'exprime pas non plus sur la démission de M. Weibel, «une décision personnelle».
Les autres partis gouvernementaux relèvent le très bon travail d'un «homme 100 % engagé derrière le rail». En particulier dans la mise en place de Rail 2000 ou dans la gestion de la transition entre la régie et la société anonyme. Personne n'est revenu sur la panne majeure de juin dernier. Le PS met en évidence ses talents de communication.
Comme le PDC, le PS insiste aussi sur l'engagement de M. Weibel en faveur du service public. Il l'a défendu du mieux qu'il pouvait dans un environnement politique difficile, selon Mme Glodat. Cette sensibilité au service public est, pour ces deux partis, la qualité première que doit présenter le futur directeur des CFF.