Elle laisse toutefois la question ouverte à plus long terme. Si les autres pays venaient à l'autoriser, la Suisse pourrait en effet difficilement décréter une interdiction totale, selon elle.
Cette prise de position fait partie de la "cartographie" des
principales questions scientifiques et éthiques concernant la
recherche sur l'embryon qui a été présentée mardi à Berne.
La commission a passé en revue une série de pratiques impliquant
la vie en devenir, sans pour autant tirer des conclusions
définitives et unanimes. Ainsi du clonage thérapeutique, une
opération qui vise par exemple à créer un embryon afin de traiter
une personne malade ("bébé-médicament").
Une grande majorité des membres de la commission n'est "ni pour ni
contre", car ce procédé, admis en Suède et en Grande-Bretagne,
n'est pas un "scandale moral fondamental". A noter que le document
publié mardi n'aborde pas le clonage reproductif, lui aussi
interdit.
Un guide dans la jungle de l'éthique
Dans le cadre de la procédure de consultation de la loi relative
à la recherche sur l'être humain, la cartographie de la CNE doit
servir de guide dans la jungle des problèmes éthiques que soulève
la recherche sur la vie humaine en devenir.
Elle englobe notamment la recherche sur les cellules germinales,
sur les embryons conçus in-vitro, sur les tissus susceptibles
d'être prélevés sur des foetus issus d'interruptions volontaires de
grossesse, ou encore la chirurgie foetale.
Eviter de museler la recherche
Sur plusieurs développements médicaux possibles, la CNE se
prononce contre une restriction trop étroite de la recherche. La
grande majorité de la Commission ne voit aucune raison éthique
claire qui justifierait d'interdire à tout jamais le clonage
thérapeutique.
Elle ne perçoit cependant pour l'heure aucun motif ni urgence de
lever l'interdiction existante. Le fait demeure que l'état de la
recherche biomédicale ne permet pas d'établir clairement si le
clonage thérapeutique demeure vraiment l'unique possibilité de
traiter efficacement certaines maladies graves,
indique-t-elle.
ap/sn
Halte aux chimères!
La Commission se veut pragmatique. Si les autres pays venaient à autoriser le clonage thérapeutique, la Suisse ne pourrait pas décréter une prohibition totale. Un régime de contrôle serait préférable.
Une éventuelle autorisation devrait par ailleurs en particulier garantir la protection des femmes en tant que donneuses d'ovules.
L'embryon cloné ne devrait pas pouvoir aller au-delà du stade blastocyste, soit après un développement de cinq à sept jours.
La Commission rejette par ailleurs la production de chimères, composées de cellules animales et humaines. Une telle expérience pourrait impliquer la formation de sous-structures humaines au sein de l'organisme animal.