Les milieux concernés avaient jusqu'à mercredi pour donner leur avis après l'annonce faite vendredi à Berne de bannir les pitbulls et autres chiens bâtards issus de 13 races.
La consultation des milieux concernés a été menée à un train
d'enfer. Pour ceux qui n'ont pas eu le temps de fournir une réponse
écrite dans les cinq jours impartis, des auditions ont été
organisées mercredi. Le matin, les associations canines ont pu
s'exprimer, tandis que l'après-midi est consacrée aux positions des
cantons, selon l'Office vétérinaire fédéral (OVF).
La Protection suisse des animaux (PSA), par exemple, redoute que
de nombreux propriétaires de chiens interdits ne cherchent à se
débarrasser de leurs compagnons à quatre pattes en les confiant à
ses refuges. L'association a précisé avoir déjà eu connaissance de
quelques cas.
Une loi inapplicable?
Les associations ont dans leur ensemble dénoncé une loi
inapplicable et anticonstitutionnelle, a indiqué à l'ATS la
vice-présidente de la Protection suisse des animaux (PSA).
L'interdiction des pitbulls et du croisement de treize races de
chiens, comme les dobermann ou les rottweiler, a fait l'unanimité
contre elle, a ajouté Birgitta Rebsamen.
Les défenseurs des pitbulls ne vont pas rester les bras ballants,
promettent-ils. «Si les mesures prévues par l'OVF sont mises en
oeuvre, nous emprunterons la voie juridique», a déclaré Kertin
Adam, présidente de l'American pit bull terrier club Suisse.
Vétérinaires pas convaincus
Les associations canines et de défense des animaux ne sont pas
les seules à faire le gros dos. Les vétérinaires cantonaux de
Suisse romande ont eux adressé une lettre ouverte «de mise en
garde» au conseiller fédéral Joseph Deiss.
Pour les vétérinaires romands, la proposition d'interdire les
pitbulls et de dresser une liste de treize races soumises à
autorisation risque d'être improductive et dangereuse. Cela donnera
une fausse impression de sécurité à la population qui oubliera que
d'autres chiens, de toutes races, peuvent également être dangereux,
avertissent-ils, à l'unisson avec l'organisation alémanique
«Stiftung für das Tier im Recht».
De nombreuses études ont montré que ce genre d'interdiction n'a
aucune influence sur le nombre de morsures ni sur leur gravité,
écrivent les vétérinaires cantonaux.
Mesures davantage suivies
A l'instar des associations de protection des animaux et
cynologiques, ils saluent en revanche certaines mesures proposées
qui concernent l'élevage, la détention et l'importation des
chiens.
Responsabilisation accrue du détenteur - voire un examen pour
propriétaires de chien -, éducation axée sur la sociabilité,
annonce obligatoire: ces mesures rencontrent un large consensus,
confirme Cathy Maret de l'OVF. Quant à la liste des treize chiens
et aux interdictions qui posent problème, les résultats des
discussions de mercredi seront synthétisés et transmis au ministre
de tutelle Joseph Deiss.
Le Conseil fédéral devrait rendre ses décisions d'ici la fin du
mois de janvier ou le début de février, a précisé l'OFV. ats/sj
Mesures nationales nécessaires
La problématique des chiens de combat est revenue sur le tapis après le décès d'un enfant de six ans le 1er décembre à Oberglatt (ZH).
Le garçonnet a été attaqué par trois pitbulls alors qu'il se rendait à l'école.
Le projet proposé par la Confédération vise les races suivantes: american staffordshire-terrier, staffordshire-bullterrier, bullterrier, dobermann, dogue argentin, dogue des Canaries, fila brasileiro, rottweiler, mastiff, mâtin espagnol, mâtin napolitain, tosa et cane corso italiano.
La détention de ces chiens serait soumise à autorisation, tout croisement serait interdit et les animaux seraient tous castrés ou stérilisés.
L'Office vétérinaire fédéral estime le nombre des chiens concernés à 10'000 environ.