L'homme est discret et se veut modeste. Pourtant, le docteur
René Prêtre est omniprésent dans les médias surtout alémaniques
(voir les rubriques Sur ce sujet,
Liens et Archives ci-contre).
Une vie en jeu
L'enjeu: un bébé de quatre mois souffrant d'une malformation du
coeur. Le docteur rayonne en pensant à l'avenir de cet enfant. "Son
espérance de vie, mais aussi sa qualité de vie sont désormais
normales", se réjouit-il. "Il pourra aller à l'école, jouer au
football, être intégré."
Opérations risquées
La satisfaction qui éclaire son visage vient aussi du fait que
René Prêtre passe beaucoup de temps avec les parents de ses
patients. Un aspect "essentiel" de sa profession. "Il faut bien sûr
les rassurer en parlant de l'intervention. Même si c'est en leur
expliquant la procédure qu'ils prennent souvent conscience du
risque potentiel pour leur enfant", explique-t-il.
Boncourt-Zurich via New York
Moins connu en Suisse romande qu'outre-Sarine, ce Jurassien de
51 ans a pourtant derrière lui un parcours impressionnant. Formé à
Genève et à New York - où il est vite repéré et propulsé dans les
plus hautes sphères de la chirurgie mondiale - il s'établit il y a
dix ans à Zurich.
En 1999 déjà, il apparaît dans les médias. A contre-courant des
pratiques de l'époque, il dénonce l'utilisation du laser en
chirurgie cardiaque dans un éditorial dans la prestigieuse revue
"Lancet", éditorial qui fait grand bruit à l'époque (voir
le reportage de la TSR ci-contre).
Aujourd'hui, le laser a quasiment totalement disparu de l'arsenal
thérapeutique, confirmant ses prévisions.
Exploit chirurgical
René Prêtre se retrouve une nouvelle fois sous les projecteurs
en 2005. En première suisse, son équipe réussit à sauver in
extrémis une fillette de quatre ans, en arrêt cardiaque, en
implantant un coeur artificiel. Celui-ci maintiendra sa circulation
jusqu'à sa transplantation cardiaque qui sera effectuée quelques
mois plus tard. La fillette se porte aujourd'hui bien et grandit
normalement. (reportage ci-contre).
Mais plutôt que de souligner un succès dans sa carrière,
l'évocation d'un tel épisode fait éclater sa passion pour l'organe
lui-même, "si symbolique dans notre culture." "C'est si fort de
pouvoir l'arrêter, le guérir et le faire repartir",
sourit-il.
tsrinfo/Marc Allgöwer
300 enfants par an
L'emploi du temps du professeur René Prêtre ressemble à un agenda de ministre. Chaque année, il prend en charge plus de 300 patients au département de chirurgie cardiaque du Kinderspital de Zürich.
220 à 250 interventions concernent des malformations cardiaques de naissance. Il s'agit d'opérations conduites avec une machine dite "coeur-poumon", soit un appareil remplaçant les fonctions vitales de l'organisme.
De plus, une centaine d'actes médicaux plus légers sont effectués, comme la pose d'un pacemaker.
René Prêtre traite aussi environ 80 adultes souffrant d'une malformation cardiaque.
Enfin, le chirurgien consacre quinze jours par an à une action humanitaire au Mozambique aux côtés de l'ONG La Chaîne de l'Espoir.
Hôpital prestigieux
Fondé il y a 138 ans, le Kinderspital de Zürich figure parmi les centres les plus réputés d'Europe. À tel point que seule la moitié des patients vient de Suisse. L'institution reçoit des petits de tout le continent, Allemands, Autrichiens, Italiens, Grecs et même des Etats-Unis.