L'Union des organisations islamiques de France (UOIF), la Grande
mosquée de Paris et la Ligue islamique mondiale poursuivent
l'hebdomadaire satirique pour «injures publiques envers un groupe
de personnes en raison de leur appartenance à une religion»,
incrimination.
La plainte vise la société d'édition et son directeur de
publication Philippe Val. Dalil Boubakeur, recteur de la Mosquée de
Paris et président du Conseil français du culte musulman (CFCM), ne
s'est pas rendu au tribunal. Comme les deux autres organisations,
il est représenté par son avocat. L'avocat de «Charlie Hebdo» a
qualifié ces absences de «dérobade».
Jusqu'à six mois de prison
Le procès doit durer jusqu'à jeudi. Philippe Val est en théorie
passible de six mois de prison et de 22'500 euros d'amende. Mais en
cas de culpabilité, la jurisprudence limite en général les peines à
des amendes.
Se présentant en porte-drapeau de la liberté d'expression, le
périodique avait repris en février 2006 certaines des caricatures
de Mahomet publiées initialement en septembre 2005 dans le journal
danois «Jyllands-Posten». Il s'agissait du point de vue de «Charlie
Hebdo» de répliquer à la vague de manifestations violentes et au
boycott des produits industriels danois provoqués dans le monde
musulman par des religieux qui jugeaient les dessins danois
blasphématoires ou racistes.
afp/sun
«Libération» se montre solidaire
La rédaction de «Charlie Hebdo» a fusionné avec celle du quotidien «Libération» pour une édition commune mercredi.
Les journaux ont publié de nombreux dessins sur les intégristes, dans le but affiché de défendre la liberté d'expression.
La «une» de Charlie montre un prêtre catholique, un rabbin et un imam clamant ensemble: «il faut voiler Charlie !»
Celle de «Libération» montre un imam barbu s'attaquant à la hache à un crayon.
Jacques Chirac critiqué
Dans un éditorial, le directeur de «Libération» s'en prend au président Chirac.
«Ce procès idiot, manifestement favorisé par Jacques Chirac, qui a un contrat d'armement à la place du cerveau, est un procès de presse», écrit-il.
Le président français avait critiqué l'initiative de «Charlie Hebdo». Il avait condamné une «provocation manifeste» susceptible à ses yeux «d'attiser dangereusement les passions».