C'était le soulagement général vendredi dans la salle d'audience
de la Chambre administrative du Tribunal cantonal à
Porrentruy.
Un échec de la procédure de conciliation conduite par le juge
Pierre Broglin aurait retardé de plusieurs mois le début des
travaux qui doivent commencer en janvier.
L'organisation écologique Greenpeace et la Fondation Maryon, qui
possède un domaine agricole biologique près du site, avaient fait
recours contre le plan spécial élaboré par la chimie bâloise et
approuvé par le Gouvernement jurassien.
Grande victoire pour Greenpeace
Elles jugeaient insuffisantes certaines mesures de sécurité
comme la protection de l'air et de l'eau. La chimie bâloise a fait
plusieurs concessions et les recourants ont obtenu gain de cause
sur la principale pierre d'achoppement.
La convention prévoit en effet que le traitement de l'air des
halles hermétiques d'extraction des déchets se fera par oxydation.
Greenpeace et la Fondation Maryon ont assuré ne plus vouloir
s'opposer au permis de construire. Pour Greenpeace, cet accord est
une grande victoire pour l'environnement.
Une conciliation parfois tendue
Depuis jeudi matin, les protagonistes de ce dossier sont passés
par tous les états d'âme, le pessimisme succédant à l'optimisme et
inversément. Le juge a multiplié les interruptions de séance dans
un climat parfois tendu pour entendre séparément les parties et
leur soumettre ensuite des propositions de compromis.
Le directeur de la bci, société qui regroupe des entreprises de la
chimie bâloise, a estimé avoir fait de nombreuses concessions pour
respecter le calendrier. Michael Fischer a ajouté que le projet
d'assainissement offre un maximum de sécurité pour la population et
l'environnement.
La chimie bâloise estime à 350 millions le montant qu'elle aura à
débourser jusqu'à la fin des travaux et la remise en état de ce
site. Ce montant comprend toutes les études réalisées pour mener à
terme ce projet. Bonfol contient plus de 114'000 tonnes de déchets
toxiques. Elle a été exploitée de 1961 à 1975. Les travaux
d'assainissement devraient prendre fin en 2014.
ats/cer
Un projet qui était jugé lacunaire
Greenpeace en tête, plusieurs ONG avaient décidé de s'opposer à la demande de permis de construire déposée par la chimie bâloise en vue de l'assainissement de la décharge chimique de Bonfol.
Le projet contient trop de lacunes, estimaient-elles. Et de citer l'étroitesse du périmètre défini pour l'assainissement et le manque de mesures pour empêcher la diffusion de polluants dans l'air, le sol et les eaux.
De plus, aucun scénario d'urgence n'est prévu en cas d'accident, arguaient les écologistes.
Des travaux préliminaires d'équipement, par exemple le défrichement de la zone, ont débuté en septembre.
Satisfaction de toutes parts
Pour Greenpeace, cet accord pourrait servir d'exemple lors des prochaines négociations pour assainir d'autres décharges, a souligné Matthias Wüthrich.
Reste que Greenpeace veut garder un rôle d'»observateur critique» pour la suite des travaux dans le Jura.
Satisfaction également du côté du Gouvernement jurassien, et en particulier chez le ministre de l'environnement et de l'équipement Laurent Schaffter, très impliqué dans ce dossier.
Un soulagement qui prévaut aussi chez des maires de communes suisses et françaises qui s'étaient inquiétés des conséquences d'un retard des travaux.